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Le Soleil, 23 octobre 1884

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Le Soleil
23 octobre 1884


Extrait du journal

LA CRISE LYONNAISE Tout le monde sait que Lyon a eu pendant plusieurs siècles le monopole de la fabrication des étoffes de soie pour vêtement comme pour ameuble ment. Les maîtres ouvriers des fabri ques lyonnaises ont toujours été et sont encore de véritables artistes, se trans mettant de père en fils, comme le plus précieux des héritages, les secrets de la fabrication de la soie. Leur talent est universellement reconnu et depuis long temps on a renoncé à essayer de lutter avec eux pour l’industrie de luxe, c’està dire pour les étoffes de soie pure très finement travaillées, et qui ne peuvent par conséquent ôtre livrées à la con sommation qu’à des prix très élevés. Pour cette branche de la production, l’industrie lyonnaise, disposant non seulement d’un puissant outillage, mais aussi d’un capital intellectuel accumulé par le travail assidu de plusieurs géné rations, défie toute rivalité. Mais, dans ces derniers temps, le goût des étoffes de soie s’est de plus en plus répandu dans le public; les fabri cants de soieries ont dû constater que pour répondre aux nouveaux besoins qui se faisaient sentir, ils étaient obli gés de démocratiser, pour ainsi dire, leur industrie et de livrer à la consommation des produits beaucoup moins coûteux et par conséquent de qualité inférieure. Le public, auquel on offrait de la soie à 40 et 20 francs le mètre, demandait de la soie à 5 et 10 francs le mètre. Il fal lait le satisfaire. Les Allemands et les Suisses, qui n’avaient jamais pu faire concurrence aux Lyonnais pour la fabrication des soieries de luxe, et qui avaient été, après des efforts infructueux, mis dans la né cessité de renoncer à une lutte inégale, se dirent qu’ils pourraient prendre leur revanche avec les soieries de qualité infé rieure. Us résolurent de se mettre à fa briquer des soieries communes n’exi geant pas le môme fini, la môme per fection de travail que les belles soie ries lyonnaises. Pour arriver à faire des soieries à très bon marché, ils introduisirent dans leurs étoffes une forte proportion de coton. C’est ainsi que naquit l’industrie des tissus mé langés , qui a pris, surtout depuis 1.870, un développement considéra ble et qui représente aujourd’hui les neuf dixièmes des produits des soieries européennes, les tissus de soie pure constituant à peine la dixième partie de la fabrication totale. Les étoffes faites de soie pure et tra vaillées artistement par les ouvriers lyonnais coûtent depuis20 francs jusqu’à 200 francs le mètre. Les fabricants suis ses et allemands sont arrivés à livrer à des prix de 10, 8, 5 et jusqu’à 2 fr. 50 le mètre des tissus mélangés, trois quarts coton et un quart soie, grossièrement travaillés et d’un dessin médiocre, mais ayant à peu près la môme apparence, produisant le môme effet sur les gens qui ne sont pas connaisseurs, que lés tissus de luxe en soie pure. Les fabricants lyonnais, voyant la transformation qui s’opérait dans le goût public, se mirent à fabriquer comme les Allemands et les Suis ses des tissus mélangés. Aussi Jbien,...

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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