Extrait du journal

NOËL ET REVEILLON Les idées de régénération et de rédemption que rappelle la fête de Noël ne sont guère plus en tendues et comprises. Le peuple continue j cependant à célébrer la naissance du S au- ! veux, mais son esprit perverti par les mau- j vaises leçons, son cœur vidé de toutes croyances, n’écoutent plus la voix d’en haut. Noël n’est trop souvent qu'un prétexte à réveillonner. Il ne reste guère plus qu’un sentiment vague de religiosité ou qu’un instinct grossier de ripaille. Ceux qui ont voulu tuer la foi dans les âmes furent de sots et imprudents corrupteurs. En enseignant aux généra tions modernes qu’elles doivent s’émanci per de toute croyance religieuse, de toute tradition pieuse, ils n'avaient pas prévu qu’en chassant tout idéal des intelligen ces et des cœurs, ils se livraient à la Bête humaine, vorace et affamée. Ils n'avaient pas prévu qu'elle allait se ruer, réclamant sa part de jouissances et son morceau de charogne; ils ne s’étaient pas souvenus de cette parole prophétique qu’en 1848, un socialiste, M. Pierre Le roux, lançait aux pédadogues du scientifisme athée : « Quand vous aurez tué l’idée de Dieu, qui consolera et rassurera ceux qui peinent et souffrent ? Vous leur aurez ravi le Ciel, ils voudront posséder la Terre. » Le Gel, on en a crevé les plafonds et éteint les lumières. Et après, répondez, philosophes et pé dagogues, qu’avez-vous gagné? Les déshérités du Ciel ont perdu, avec les espérances chrétiennes, tout sentiment de devoir moral ; ne croyant plus aux ré compenses de l’au-delà, ils exigent qu’on leur livre ici-bas les jouissances et les pro fits. Ils n’ont plus d’idéal, mais ils ont toujours des appétits; ils n’ont plus d’âmes, mais ils ont encore des ventres; ils veulent défoncer la salle du festin où réveillonnent et s’engraissent le ploutocrate athée et le bourgeois maçonnique. Ils trouvent que leur tour est venu de s’enrichir et se gorger, ett prétendent s’em parer du veau d’or pour en faire leur bœuf gras. Voilà où nous ont conduits les mauvais bergers avec leurs fausses paroles et leurs menteuses promesses. N’est-ce pas l’expiation nécessaire et le châtiment mérité de trop de défaillances et de trop d’égoïsmes ? Dieu fait et prépare son œuvre pour la régénération, plus prochaine peut-être qu’on ne suppose. Les chansons et goinfreries du réveil lon païen n’empêcheront pas la voix des anges et des bergers d’entonner l’hymne du Noël chrétien, et cette voix annonce la venue du Sauveur et Père du renou veau. — Charles Dupüy....