Extrait du journal

On sait que la science, ou plutôt une pré tendue science, ne veut admettre à aucun prix que les originels de l’homme soient telles que les indique la Bible. Aussi se donnc-t-elle un mal de tous les diables pour ar river à trouver notre « ancêtre », l’animal qui doit représenter le fameux trait d’union vainement cherché jusqu’ici, entre l’homme et le singe. Que nous soyons ou non flattés de cette ascendance, peu importe à ces sa vants : ils veulent mordicus descendre du singe, et nous en faire descendre avec eux. Nous avons beau protester, et les femmes plus encore que les hommes, rien n’y fait : ces messieurs continuent leurs recherches. De temps en temps, ils croient avoir dé couvert ’o phénomène cher, à leur cœur, et les journaux maçonniques lancent aussitôt la grande nouvelle : enfin, la Bible est battue, et l’homme est bien un singe qui a évolué... Malheureusement, quinze jours après, on n'en parle plus ; l’anthropoïde exhibé à grand renfort de réclame rentre dans l’ombre : ce n’était pas encore le bon, le vrai. Ces jours-ci, à l’Académie des sciences, le docteur Henri Martin en a présenté un nou veau. Il l’a déterre en Charente. Je dis <( déterré », car c’est sous terre, naturelle ment, que les savants libres penseurs re cherchent les restes du cher disparu, et comme le monsieur, d’après leur théorie, daterait de plusieurs milliers d’années, je vous laisse à penser dans quel état il peut se montrer à eux... N’imporle : le phéno mène exhumé par le docteur Henri Martin permet, affirme le Matin, « de retrouver la trace de la souche commune de l’homme et des anthropoïdes ». Sans doute, ce langage n’est pas très clair, mais faisons largement les choses, et prenons ce qu'il veut dire : le squelette mis à jour aurait révélé le chaînon tant espéré entre l'homme et le singe. Pour le moment, le docteur Henri Martin s’est contenté de montrer à l’Académie le crâne de ce vieil individu. Mais ce crâne, ii lui seul, que nu dit-il pas ! Figurez-vous qu’il a encore toutes ses dents ; et, dans ces dents, que de choses ! « H ■est notam ment doté, écrit le Matin, d’un.c. très puis sante dentition. L’usure des dents corres pond à une mastication très soignée ». Comprenez-vous bien ? Cet anthropoïde sa vait déjà ce que ne savent pas encore un grand nombre de vulgaires hommes, nos contemporains, que, pour bien digérer, il importe de bien mâcher ; il savait déjà qu'une bonne mastication nous préserve souvent des fâcheuses gastrites... Mais ce n’est pas tout. « Quant à l’exa men des dents, continue le Matin, il révèle l’existence de tares ancestrales très carac téristiques et qui seront l'objet, sans doute, de discussions passionnées ». Vous verrez qu’un de ces jours, on découvrira, par l’é tude de ces tares, que notre anthropoïde avait pris la déplorable habitude de chittUAc ou qu il avait la manie de manger du...