Extrait du journal

LA POLITIQUE A PARIS Le bilan Les gens qui ont de l'ordre mettent à profit la fin de l'année pour établir leur bilan; c’est un soin que la Chambre néglige, et pour cause. Si elle était sincère, il lui faudrait reconnaître qu'avec elle les profits sont nuis et les pertes considérables ; c’est un aveu qu'on ne se laisse pas volontiers arracher. Comme nous n'avons aucun motif pour jeter un manteau sur le Noé du Palais-Bourbon ni sur celui du Luxembourg nous dresserons par doit et avoir le bilan des deux Assemblées. Du Sénat, nous n’aurions rien à dire si les aigles, un peu déplumés et toussotants, qui peuplent cet autre palais des Invalides n'a vaient tenu à constater combien est inutile ce vieux rouage parlementaire. Les rares citoyens qui s'imaginent encore que la Chambre pré tendue haute peut rendre des services, — en dehors de ceux quelle prodigue comme Haute Cour, — avaient coutume de nous dire que cette réunion de sages avait pour mission de réprimer les incartades de Vautre Assemblée qui siège au bout du pont de la Concorde et qui semble parfois délibérer à Chnrenton. C’est une antienne dont ils ne pourront plus nous régaler; messieurs du Sénat y ont mis bon ordre. Ils ont déclaré, lundi, par la voix excessive ment autorisée de M. Tolain, que la soi-disant Chambre haute n’était qu’une Chambre d’enre gistrement. Elle confirme les décisions prises par les députés, mais clic les ratifie sans dé bat ; toute délibération lui est désormais inter dite, comme inutile et vaine. « A quoi bon, a dit M. Tolain, perdre notre temps, (notez que ces hommes si affairés n’avaient absolument rien à faire), à discuter le projet de loi sur les allumettes lorsque les députés ont, à deux re prises, examiné ce problème avec une compé tence qui nous fait défaut! » Cette belle théo rie a obtenu l’assentiment général. On ne se suicide pas avec plus de bonne grâce. La Chambre a siégé pendant six semaines, et cet espèce de temps a suffi à nous donner sa mesure. Elle a employé ces six semaines à se consti tuer, c’est-à-dire à valider les élections les plus notoirement frauduleuses et à casser les autres.Elle a établi par ses votes, sans le démontrer par dés discours, qiie le gouvernement ne pra tique à aucun degré la candidature officielle; les candidats officiels sont ceux de l’opposition. Cela peut sembler surprenant, mais cela res sort de tous les scrutins, puisqu’on a invalidé les conservateurs comme coupables de fraudes, alors que l'administration républicaine prépa rait les urnes, les tenait et en tripotait ensuite le contenu. Cette organisation gouvernementale et élec torale a permis les plus étonnants escamota ges. Tel conservateur, qui avait obtenu la ma jorité, a pu se convaincre qu’il lui était exces sivement facile de la perdre. Tandis que ses bulletins disparaissaient entre les doigts agiles du préfet et de ses complices, les bulletins de son adversaire bien pensant croissaient et mul tipliaient. En fin de compte, tel qui avait tou...