Extrait du journal

L'homme est satisfait rarement Quand tout n'est pas fait pour lui plaire ; Lorsque le ciel est inclément, H faut l’ouïr hurler et braire j Tout est acharné contre lui, Les saisons, la terre et la lune : FA lorsque enfin le soleil luit, C’est toujours l'heure importune. 11 devient enragé s’il pleut, ‘ H gémit quand il sue à gouttes, Et vocifère si le pneu De sa bécane crève en route. Le ciel couvert et menaçant ' ' L’irrite et le met en furie ; Mais il sc fait du mauvais sang S’il survient un vent qui l’essuie. Il en veut à tout, au soleil Qui n observe point la consigne Et qui, vieux traînard sans pareil, N’accourt pas à son premier signe» Il en veut au Maître d’en haut, Qui trompe son humeur chagrine ; Il se plaint quand il fait trop chaud Et gémit si le froid s’obstine. Il s'attarde lorsqu’on l'attend, Quand on lui dit : marche ! il recule Et réclame, 6 grands cris, l'autan* A l’heure de la canicule. Il a l’esprit contrariant Du baudet rétif qui renâcle ; ' Si vous le voyez souriant Dites-vous que c’est un miracle, El qu’on le verra reposé, Sot oiseau qu’on berne et qu’on pipe. Le jour qu’il aura dévissé Son billard ou cassé sa pipe. Seulement, remarquez Ici, Que celui qui ne voulait guère Ni de cela, ni de ceci Avant d’élre mis dans sa bière, Supporta, des mois, sans broncher Ce que l’on nomme un ministère De gens qu’on n’irait pas chercher Pour administrer un clyslère, Et qui sans Dieu, sans foi ni loi, Pantins ignorés mais sinistres, Etaient, on ne sait pas trop quoi, Avant de devenir ministres.. Gela prouve — on l’a dit cent fois, El j’cn décline le mérite — Qu’un peuple, assez fier autrefois, A les gouvernants qu’il mérite. Jean de Nivelle....