Extrait du journal

pensé, comme toujours, quelques-uns de ces héros de la mer, nombreux dans les cadrés de cette Société admirable, et dont les exploits tiennent du prodige. Ils sont accomplis, cependant, bien simple ment, sans emphase et sans pose, et pour qu’on les connaisse par le menu, il faut cette séance annuelle où l’amiral Lafont, succédant à l’amiral Juricn de La Gravière, de regrettée mémoire, préside à la distribution des récompenses. Je ne sais rien de plus réconfortant que cela, et le public est bien un peu de mon avis, car il s’y presse avec une curiosité et un intérêt sans cesse croissants. On a parlé ici, tout récemment, des officiers et ma rins du paquebot la Champagne, dont l’admirable conduite, dans une circonstan ce plus que difficile, est présente à toutes les mémoires ; ce n’est pas une raison d’oublier les humbles et fidèles servi teurs de la Société, ces patrons et ces matelots sans peur des canots de sau vetage dont les annales sont déjà si riches, quoiqu’ils ne comptent guère qu’une trentaine d’années d’histoire. Hier, le héros de la séance était le patron AufTrct, de Saint-Guénolé, auquel la So ciété a décerné le prix Chauchard. Il y a huit ans qu’Auffret est patron du canot de sauvetage de Saint-Guénolé, et dans cet espace de temps relativement court, il a arraché à la mer soixante-cinq vic times. C’est juste presque une moyenne de huit par année, rien que cela ! Quand il aura le ruban rouge, ce qui arrivera forcément, épinglé sur sa vareuse, Auffret, comme tant d’autres de ses émules, ne connaîtra plus d’autre ambition. Ils sont des douzaines comme cela, tout le long du littoral, pour renouveler le plus simplement du monde les actions les plus extraordinaires. La Société centrale de sauvetage en choisit annuellement quelques-uns et les récompense, aux applaudissements émus d’une assistance d’élite, toujours très empoignée, qui les acclame à tout rompre, avec une pointe d’émotion bien facile à comprendre. Il n’y a pas au monde gens meilleurs et plus braves gens, et c’est à juste titre que l’on est fier d’eux. Ils incarnent deux choses : l’héroïsme et la timidité. Cela semble paradoxal, mais s’est ainsi ; il n’y a qu’à les voir dans ces séances an nuelles si recherchées, pour reconnaître qu’avec ces deux simples mots on trace leur frappant portrait. Charles Canlvel. AU JOUR LE JOUR .. JOURNÉE D’ÉLECTIONS Un ciel superbe, hier matin. Le beau soleil de printemps en perspective pour toute la journée. Comme il aurait fait bon d’aller tout de suite dans les bois, à Verrières, à Saint-Cloud, dans la forêt de Sénart. Mais il fallait voter d’abord, remplir ses devoirs de citoyen. C’est ce que tous les Parisiens ont fait à leur petit lever. Rien à redire sur" la physionomie des bureaux de vote; elle était la même que pour toutes ces circons tances. Devant la porte, les deux files de came lots et de distributeurs, le nom de leur candidat sur le chapeau ou la casquette. On entre, les mains changées de bulletins : il n’y a qu’à choi...