Extrait du journal

D|jon. La vie du 19e siècle paraît décidément devoir être une vie de fièvres et d’incandescences, de fièvres de toute sorte et d’incandescences de toute nature. Cela lui vient sans doute de ce qu’il est né de ce terrible 18e siècle dont la fin fut d’hue effervescence si affreuse et si sublime, qu’elle donna lieu à des catastrophes à étonner les hommes jusqu’à leur descendance la plus éloignée. Ce siècle n’a pas quarante ans encore, et déjà il a remué plus de choses, exalté plus de renommées et renversé plus de croyances et d’idées reçues qu’il ne s’est opéré d’événements de ce genre dans un faisceau de plusieurs des siècles précédents. Tout cela s’est toujours fait avec fureur et frénésie; car dans notre grande France tout s’emporte d’assaut, et rien n’arrive avec lenteur ni par demiesures. Après avoir été, pendant le 18® siècle, une société efféminée et folle, courant les petits soupers et se pâmant aux épigrammes et aux chansons graveleuses des abbés libertins, nous sommes devenus teuto d’un coup la gigantesque France de la révolution, avec nos flots de sang sur les places et dans les assemblées, ou sur les champs de bataille, avec nos hommes plus grands que les héros antiques, et que eowee mesure*» p*s encore à leur taille, parce que nous les voyons de trop près. Puis nous sommes devenus soldats avec l’empire, et soldats seulement; soldats ivres de conquêtes, gorgés de gloire. Enfin avec la restauration nous sommes devenus des hommes d’opposition et de petits combats de chaque jour; la gloire a fait place à la liberté, et la liberté a occupé plus de tê es que n’avait fait la gloire, de telle sorte qu’à l’heure actuelle elle est magnifiquement intronisée dans nos institutions, pour n’en plus sortir....