Extrait du journal

La tension actuelle des relations polono-allemandes n'est pas seulement due, on peut le croire, aux incidents qui se multiplient entre les dèux éléments de la population dans les régions frontières, dans tous les centres où les minorités allemandes font preuve d'une certainé activité. On y discerne des causes nettement politiques dépassant de beaucoup en pôrjtée des manifestations locales témoignant de la nervosité de populations vivant en état permanent d'alerte. C'est la position même de la Pologne sur le plan européen qui est en cause, position d'indépendance que le Reich hitlérien poudrait voir modifiée à son avantage avant de se lancer dans une entreprise d'expansion de plus grande envergure encore que toutes celles qu'il a réussies jusqu'ici. En d'autres termes, 1 Allemagne voudrait s'assurer, sinon de l'appui, du moins de la bienveillante neutralité de la Pologne, afin de disposer de toutes ses forces au cas ou un, conflit viendrait à se produire ailleurs sur le continent. Suivant sa méthode connue, elle s'efforce à cette fin d'isoler la Pologne, de la paralyser, de l'obliger à se laisser entraîner bon gré mal gré dans le sillage du Reich. Le gouvernement de Varsovie, qui vient de faire une expérience particulièrement décevante pour s'être désintéressé, au profit de l'Allemagne, du sort de la Tchécoslovaquie, et qui constate maintenant que l'anéantissement du bastion tchécoslovaque a créé un grave péril pour la Pologne elle-même alors qu'il en escomptait des avantages pour l'efficacité de la coopération de celle-ci avec lâ Hongrie, fait face au danger et se montre disposé à résister à une pression impossible à concilier avec urne véritable politique d'indépendance. Cette pression allemande se serait accentuée ces derniers jours à la suite de trois « propositions » dont le cabinet de Berlin aurait saisi celui de Varsovie : l'une visant un règlement allemand de la question de Dantzig ; une autre visant la construction d'une autostrade destinée à relier directement le Reich à la Prusse orientale à travers le « couloir » polonais ; la troisième, enfin, tendant à obtenir l'adhésion^ de la Pologne au pacte antikomintern dirigé contre la Russie soviétique, ce qui impliquerait l'abandon de toute politique polonaise d'indépendance....