Extrait du journal
Cette fraternelle devise, les socialistes de la Bourse du travail viennent de l’appliquer une fois de plus à propos des bureaux de placement. On se souvient des griefs articulés, à diverses reprises, contre les agences privées. Afin do couper court à des mani festations violentes et pour ainsi dire périodiques, on croyait avoir trouvé une solution. Désormais, dans chaque mairie, un bureau absolument gratuit, ouvert à tous les travailleurs, recevrait les offres et les demandes. C’était la fin du monopole et de l’exploitation si souvent dénoncés. Seulement c’était déjouer aussi le plan de la Bourse du travail. Pour elle, il s’agissait, en réalité, non de détruire le monopole, mais de l’absorber. Plus d’agences privées, mais pas d’agences munici pales non plus, car dans les agences municipales on accueille le non syndiqué aussi bien que le syn diqué, et le non syndiqué c’est, pour les meneurs socialistes, le réfractaire, l’indépendant, l’ennemi qui doit être traqué sans pitié. Les syndicats ont donc envoyé une délégation spéciale à l’Hôtel de Ville pour sommer la commis sion municipale du travail de supprimer les bu reaux de placement des mairies et de les reverser dans lès bureaux des chambres syndicales. • . Alors, on pourra reprendre la campagne contre les bureaux privés, et, si l’on réussit à les détruire, l’employé ou l’ouvrier sans place n’aura plus qu’une ressource : s’inscrire sur les listes de la Bourse du travail. Mais, comme on n’a rienà attendre, de ce côté si l’on ne fait pas partie d’un syndicat, le tra vailleur sera contraint de s’embrigader sous peine de manquer d’ouvrage et, par conséquent, de pain. Et voilà comment cette loi de 1884, qui devait être une loi de liberté et de protection, se transforme en une loi terrible de despotisme et de misère. Toutes les populations laborieuses enrégimentées de force et mises à la discrétion de comités dirigés par quel ques meneurs révolutionnaires, tel est l’idéal vers lequel nous nous acheminons à grands pas. Ce n’est point précisément, on l’avouera, celui que poursui vaient nos pères en proclamant, il y a cent ans, les droits de l’homme et du citoyen....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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