Extrait du journal

ces petits ouvrages dont la vogue commençait à s’épuiser. U en donne la recette. Comment se fait un vaudeville? Rien de plus simple, dé clare le malicieux chroniqueur. D’abord il y à vaudeville et vaudeville : 1° le vaudeville sérieux ou comédie-vaudeville ; 2° le vaudeville égrillard,-libertin,-;graveleux,, que la foule ap plaudit place de la Bourse; 3° le vaudeville bouffon, grotesque, la folie-vaudeville qui rit; au Palais-Royal ; 4° le vaudeville pastoral, campagnard, qui promène ses sabots sur les planches des Variétés; 5° le vaudeville senti mental, qui pleurniche au Gymnase; 6° le vau deville régence, qui montre un peu partout sa tête poudrée et son habit de velours. Comment se fait un vaudeville? Voici... Meilhac dissèque d’une main preste, le. vaudeville égrillard, le plus goûté. i « L’intrigue est généralèment simple. Vous prenez un jeune homme : mousquetaire, grand seigneur ou poète... peu importe!... bien fait de sa personne et profondément libertin ; le plus souvent ce rôle est joué par une femme. Ce drôle fait successivement, la cour à_ deux, trois, quatre ou cinq gaillardes fort délurées qui, après une résistance plus ou moins lan gue et spirituelle, finissent par se laisser em brasser dans un bosquet ou dans un boudoir. Ces deux, trois, quatre ou cinq gaillardes sont flanquées d’un certain nombre de personnages ridicules qui ont de gros ventres et de gro tesques visages encadrés dans des perruques phénoménales. Ce' sont des maris, des tuteurs qui se laissent berner de la meilleure grâce du monde par le jeune et irrésistible séducteur; celui-ci, après avoir joué aux maris qui ont de gros ventres un nombre suffisant de tours, après avoir distribué dans le bosquet . un nombre convenable de baisers inconvenants, finit par épouser une jeune fille mélancolique et vêtue d’une robe1 blanche, qui est folle de lui et qqi lui pardonne ses fredaines.. Le rôle de la jeuno fille à la robe blanche est peu considérable; il se borne, ou peu s’en faut-, à un petit couplet qu’elle, chante sur»un air plaintif, devant le trou du souffleur : elle fait ainsi connaître son amour et le chagrin que lui cause la conduite légère de l’objet aimé.. » Le vaudeville égrillard abandonne, quelque fois le règne de Louis XV et se risque dans les temps modernes. U met alors en scène une « divinité du quartier Bréda ». Le personnage ridicule a conservé son gros ventre et perdu sa perruque. .U n’est plus ni mari, ni tuteur. Et il est chauve. Vous avez pu remarquer l’ironie de Talin-Meilhac lorsqu’il parle des couplets. « Us se composent de huit petits vers faux; les sept premiers complètement nuis servent à amener le huitième. Le hui tième renferme ou est censé renfermer une pensée tantôt ingénue, tantôt profonde que l’on, nomme trait. » Jugement un peu dur. Le couplet n’était ni vain, ni inutile. U créait une atmosphère de fantaisie et d’illusion. Vous alliez, ô spectateurs, vous laisser émouvoir par. cette situation, par ce caractère, vous alliez croire que c’est arrivé. Le chef d’orchestre levait son bâton, les. .violons attaquaient la ri...