Extrait du journal
Nous vivons à' une époque^ où il convient moins, en politique, d’escomptel- des triomphes que de souhaiter plus modestement d’éviter les accidents. L’année s’est achevée sans acci dents, et nous avons le droit de nous en féli citer. Il est même permis de constater • un certain nombre de succès, dont le mérite revient d’abord à la majorité de trêve et d’union répu- i blicaine et au gouvernement qui la représente. C’est un succès déjà, et non des moindres, que-le maintien de cette majorité malgré vents et marées. Que l’on veuille bien revenir par la pensée au début de .1935, de cette année que tout faisait prévoir,, sinon, tragique, du moins si difficile, et surtout à cette époque de l’année où la Chambre hésitait entre la reprise des luttes mortelles et la concorde des partis répu blicains. Rendons au parti radical cette justice qu’il sut alors comprendre le péril et placer le salut national au-dessus des passions parti sanes. Grâce à lui, grâce à des chefs clair voyants, le ministère de trêve fut constitué et dès lors le pays eut l’espoir de sortir de l’impasse. Le franc était menacé, un redressement énergique des finances publiques était devenu indispensable. Il n’était plus possible d’échap per au dilemme fameux posé lors des élections de 1932 par M. Herriot : déflation budgétaire ou inflation monétaire. Depuis des mois déjà il était évident que la ' formation cartelliste, vainement tentée par des majorités de gauche, était incapable d’effectuer cette déflation du; budget de l’Etat, de plus en plus urgente. L’im puissance des gouvernements avait irrité le pays et contribué à ce divorce redoutable : du Parlement, et de la nation qui avait provoqué déjà de sanglants soubresauts, qu’une année d’efforts n’avait réussi qu’à atténuer, qui me naçait d’éclater de nouveau et de conduire le pays à des catastrophes. La situation était d’autant plus, dangereuse que l’on cherchait à couvrir l’inflation monétaire des séductions d’une dévaluation que l’on prétendait .anodine. Les esprits étaient troublés à ce point qüe l’on parlait presque couramment de la . « guerre civile » comme d’une chose inévitable. La trêve des partis républicains enfin con clue, les pleins pouvoirs accordés par la majo rité reconstituée écartèrent le péril. Mais une autre tactique fut alors employée par, l’opposi tion révolutionnaire qui prétendait incarner la défense républicaine. Cette opposition eut l’au dace d’accuser un gouvernement dont toutes les pensées et tous les actes tendaient à rame ner le régime; parlementaire dans des voies normales d’une sorte de trahison envers ce dernier: On sait quelles ont été les difficultés de la tâche imposée à ce gouvernement de salut pu blic. Il a fallu d’abord aller au plus pressé, au redressement des finances. Les décrets-lois de déflation des dépenses ont permis de rétablir l’équilibre budgétaire, condition indispensable du salut du franc. Le pays, avec une intelli gence et un esprit de sacrifice admirables, les a acceptés. La majorité de trêve a soutenu le gouvernement dans son effort. Le résultat est là : le budget est voté, à l’heure voulue, sans douzièmes provisoires. Le total des ressources libérées ou dégagées n’a. pas été inférieur à onze milliards; le déficit des chemins de fer, si lourd pour les finances publiques, est allégé, la coordination du rail et .de la route, fait espé rer une renaissance de nos transports publics. En même temps une étape a.été marquée pour -la réofganisqjtion administrative. I . ,. Mais il.fallait encore, .et.surtout, apaiser les esprits, ramener le calme, assurer la sécurité du pays aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Qui donc peut contester-que le danger du re cours à la violence que faisait redouter l’action des . ligues révolutionnaires d’extrême gauche aussi bien que d’extrême droite ne se soit lar gement atténué ? ; La mauvaise foi de l’oppo sition, en cette matière, s’est retournée contre elle-même. Il a suffi d’un-large- débat à la Chambre pour rendre évidente cette vérité que la défense républicaine la plus efficace était celle que menait le gouvernement. Ici encore la majorité, un moment ébranlée, s’est res saisie. Elle a compris que le régime ne peut se sauver que par l’union des partis républicains, par leur sagesse, par le retour aux disciplines normales de la démocratie. Il en a été de même au point de .vue extérieur. La. politique ferme, et .prudente à la fois....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - grandmaison
- haïlé sélassié
- junod
- graziani
- brown
- hylander
- mackenzie
- herriot
- françois-poncet
- taitbout
- italie
- dolo
- erythrée
- chambre
- genève
- allemagne
- londres
- stockholm
- rome
- belgique
- parlement
- union
- sénat
- agence havas
- havas
- conférence navale
- parti radical
- france
- défense de la langue française