Extrait du journal

* 1er mai. Rien ne démontre mieux la puissance et les heureux eûtes des institutions constitutionnelles que la modération et la patience de l’esprit public au milieu de la crise interminable dont nous sommes spectateurs. Les intérêts sont en souffrance, la vie industrielle et commerciale est suspendue ; la spéculation, les capitaux refusent, par prudence, les aliments qu’on leur offre ; et, dans une situation si critique, pas un cri de mécontentement, pas un oubli des lois, pas un désordre n’éclate. Tout le monde pâlit, et les angoisses communes ne se trahissent que par des plaintes décentes, et qui ne vont nulle part au delà des bornes de la résignation et delà légalité. Pourtant, cela se passe ainsi au sein d’une nation réputée légère, irritable, et difficile à gouverner. Et voilà que cette nation, non contente de se laisser gouverner contrairement à ses vœux et à ses s> empathies, souffre encore qu’on ne la gouverne pas du tout. On a inventé pour elle la spécialité du provisoire, et le provisoire est supporté, malgré tout ce qu’il ne fait pas, comme le définitif Va été malgré tout ce qu’il a fait....