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Le Temps, 2 octobre 1916

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Le Temps
2 octobre 1916


Extrait du journal

L’ENTENTE INTELLECTUELLE M. Edmond Gosse, qui est, comme on sait, un des plus célèbres critiques d’Angleterre, a été de tout temps un ami de l’esprit français et un partisan du rapprochement intellectuel entre nos deux nations. Il y a travaillé lui-même avec effi cacité, en publiant dans son pays de remarquables études sur nos écrivains, tandis qu’on appréciait chez nous son élégante Histoire de la littérature anglaise et son curieux roman autobiographique, Père et fils, qui n’est .pas seulement l’exposé d’un cas individuel, mais ouvre un jour sur la plus récente évolution de l’esprit anglais. L’article que M. Edmond Gosse vient de donner à la Revue des Deux Mondes; sous ce titre : « France et Angle terre; l’avenir de leurs relations intellectuelles », continue normalement l’œuvre de toute sa vie. Il sera lu, des deux côtés de la Manche, avec le plus vif intérêt. « Il nous faudra commencer avant tout, dit M. Edmond Gosse, par une assurance réciproque ga rantissant que ni l’Angleterre, ni la France ne s’aviseront plus désormais de se chercher une direction du côté de l’Allemagne. » La disqualifi cation de l’Allemagne, dans l’opinion publique anglaise, est en effet l’un des bénéfices considéra bles de la guerre aetuelle. Le fameux manifeste des 93 a produit en Angleterre une impression qui aura de longues conséquences. On a trop parlé de l’influence allemande en France depuis un siècle. On l’a beaucoup exagérée. Elle ne s’est exercée en somme que sur quelques penseurs, et dans la me sure où elle était légitime, c’est-à-dire sans rien coûter à leur esprit critique, qui savait distinguer le génie de la médiocrité et la sérénité philoso phique ou poétique du machiavélisme haineux. Surtout, si nous avons rendu justice à quelques grands hommes, jamais nous n’avons admiré l’es-' prit allemand en bloc; jamais nous n’avons abdiqué devant lui; jamais nous ne lui avons sacrifié celui des autres peuples. Il faut bien reconnaître que ce préjugé de la supériorité germanique a sévi en Angleterre, qu’il avait pénétré largement dans la masse et qu’il avait été accrédité par des écrivains et des professeurs dont le plus fameux est Thomas Carlyle. La germanomanie de Carlyle n’avait d’égale que son dédain de la France. Taine luimême Ta trouvé trop sévère pour notre Révolution. Eu. 1870. Carlyle Dublia contre la Franc.e un factum...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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