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Le Temps, 3 avril 1884

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Le Temps
3 avril 1884


Extrait du journal

gitime qu’il doit avoir sur le personnel, il a moins /enoore le pouvoir de régler l’assiette de l’impôt. La commission financière n’a en vue que le paye ment du coupon. En véritable syndicat de faillite institué à la requête des créanciers du b,ey, elle ne s’inquiète ni du progrès matériel ni du progrès moral de la population de la Régence. Elle cher-, che à faire ses rentrées de fonds, et les procédés fiscaux lui importent peu. Que la répartition de; l’impôt tarisse une des sources de la fortune pu-! blique,* qu’elle empêche la culture de se dévelop-' per par des charges écrasantes, qui s’élèvent en ' certains cas à 60 0/0 de la valeur du produit, qu’elle entrave les transactions commerciales,' ce n’est pas: affaire à elle. Le payement du coupon est son seul objectif, elle n’a été instituée que pour cela. Gomme nous l’avons toujours dit, sa disparition sera l’avénement d’une ère nouvelle en Tunisie. C’est ce que M. Cambon a démontré en faisant le tableau de la situation actuelle,- des réformes pro jetées et de l’administration beylicale avant l’éta blissement du protectorat. On sait comment est ré parti l’impôt en Tunisie, on sait aussi de quelle façon il était perçu il y a quelques années et quel drainage s’opérait jusqu'au moment.où il arrivait au Trésor. Le contribuable et le bey étaient pillés sans pitié par les percepteurs, les caïds et toute la classe d’agents inférieurs ■ qui vivaient grassement du fruit de leurs exactions. La Régence marchait à grands pas vers la ruine. Le déficit augmentait chaque année et le bey était forcé de recourir aux bons offices des banquiers pour équilibrer son bud get. . Si la situation était encore aujourd’hui ce qu’elle était naguère, si l’influence du protectorat, malgré toutes les difficultés qu’il rencontrait tant par le maintien du régime des capitulations que par l’ac tion de la commission financière ne s’était pas fait sentir, on pourrait craindre qu’en garan tissant l’intérêt qui va permettre l’dnification et la conversion des dettes consolidées et flottantes de la Régence, le Trésor français serait exposé-à inter venir pour le payement du coupon. L’exposé de M. Cambon est des plus rassurants et montre ce que sera la Tunisie le jour prochain où le protectorat aura les mains libres, ce qu’il ne pouvait avoir tant que se trouvait à ses côtés une institution indépendante qui avait la haute main sur les finances. Depuis l’occupation française, les: recettes de 12 à 14 millions en moyenne se sont élevées à 16 millions ; les plus-values, qui étaient en 1882 de 3,098,000 francs, arrivent en 1883 à 4,228,000 francs. — Les anciennes dépenses ont été réduites de 50 pour cent par la suppression de la masse d’emplois inutiles qui dévoraient le plus clair, du budget beylical; de telle sorte que celui-ci est en. mesure non seulement de payer l’intérêt de la dette — cet intérêt sera réduit par la conversion à environ 5 millions de francs — mais aussi de doter certains services importants qui n’existaient pas en Tuisie, de dégrever immédiatement la population de certains impôts impopulaires à juste titre, tel l’im pôt de capitation, qui frappe lourdement et sans dis tinction tout Tunisien, de diminuer ou de suppri mer certains droits à l’exportation sur les produits du sol qui entravent la production dans un pays agricole d’une merveilleuse fertilité. La démonstration était faite avec une compé tence et une connaissance du sujet qui ont fait la meilleure impression sur la Chambre ; mais toutes les discussions sur la Tunisie ramènent naturelle ment certains orateurs sur le régime politique de la Régence. M. le président du conseil, amené à la tribune pour répondre à une question de M. Ca mille Pelietan, a, une fois encore, affirmé que rien ne serait changé au programme arrêté par le gou vernement, que le protectorat serait maintenu, parce qu’il avait, entre autres avantages, celui de sauvegarder la dignité du vaincu, de nous per mettre de gouverner de haut, d’une façon très éco nomique, sans assumer la responsabilité de tous les détails de l’administration, de tous les petits froissements que peut amener le contact de deux civilisations différentes. Mais, comme il importe que le Parlement ait un certain contrôle sur les affaires tunisiennes, M. le président du conseil a déclaré que chaque année le gouvernement adres sera au président de la République, sur les opéra tions financières de la Régence, sur l’action et le développement du protectorat, un rapport détaillé, véritable papier parlementaire, qui donnera les éléments nécessaires pour que la Chambre inter vienne dans tout ce qui intéresse le protectorat. Pour le moment, l’important est de garantir la dette tunisienne, pour permettre la conversion et de congédier au plus tôt la commission financière. II n’est pas admissible, en effet, qu’elle continue à percevoir l’impôt, à administrer à l’ombre de notre drapeau. Cette situation ne peut plus durer, car elle est incompatible avec notre dignité, incompa tible aussi avec les devoirs que nous nous sommes imposés en allant en Tunisie, et les promesses que nous avons à cœur de tenir ; c’est en améliorant le sort de la population fie la Régence que nous établirons solidement l’influence légitime de la France dans ce coin de l’Afrique où elle a tant d’intérêts. - 4> ; LES ANARCHISTES A VIENNE...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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