Extrait du journal

BULLETIN DU JOUR La journée d'hier a été bonne pour la .France; au palais de l'Exposition, où M. le maréchal de Mac-Mahon, « au nom de la république », a déclaré ouverte l'Exposition universelle de 1878 dans Paris, où la population, par un élan spontané, a fait joyeusement succéder à la cérémonie officielle une vraie fête populaire, pleine d'entrain et de belle, humeur. M. le ministre du commerce, en souhaitant la bienvenue aux grands pouvoirs de l'Etat qui allaient inaugurer le palais de l'Exposition, a rappelé en'termes excellents que cette glorification du travail et des arts de la paix n'était devenue possible qu'au lendemain du jour où la république avait reçu sa consécration définitive. Il a vu dans cette grande entreprise un acte de foi dans la stabilité et la fécondité de nos institutions, et une preuve de la confiance de notre pays dans les sympathies des gouvernements étrangers. La France tout entière s'associera aux sentiments de reconnaissance exprimés hier par M. Teisserenc de Bort pour le concours énergique prêté à notre Exposition universelle par les Etats étrangers, et l'Europe, nous l'espérons, reconnaîtra que notre pays, comme le disait hier M: le ministre du commerce, « rassuré sur son avenir, a repris, sous l'égide d'un régime politique qui a sa confiance, un nouvel essor, un regain d'activité et. d'énergie », qui accroîtra chez nous « les bienfaits de la civilisation ». Il existe depuis quelque temps une sorte de trêve diplomatique. Les négociations ne marchent pas. Il paraît cependant qu'elles vont reprendre sérieusement, sur la question du recul simultané de la flotte anglaise et de l'armée russe. Notre correspondant de Vienne nous télégraphie que le général Totleben est arrivé avec pouvoirs de négocier à ce sujet avec l'amiral Hornby. Cette affaire. si elle peut être réglée, le sera plus facilement sur place et par des chefs militaires. Les Turcs, dont les forces militaires sont reconstituées autour de Constantinople, et qui semblent actuellement en mesure de résister à un mouvement offensif des Russes sur leur capitale, ne peuvent plus être laissés décote dans cette négociation entre le général russe et l'amiral anglais. Aussi diverses dépêches, qu'on lira plus loin, annoncent-elles que le général Totlebèn a déjà adressé diverses demandes à la Porte. Il insisterait, dit-on, sur une évacuation à bref délai de Varna, de Choumla et de Batoum par les Turcs, et il indiquerait en même temps son intention de s'écarter, par compensation, de Constantinople. S'il en est ainsi, le mouvement de recul de l'armée russe profiterait doublement à la Russie. Cette puissance y gagnerait à la fois l'éloignement de la flotte anglaise et la livraison de forteresses encore occupées par les Turcs. Ce double avantage ne serait probablement accordé par l'Angleterre et par la Porte qu'à la condition d'un mouvement rétrograde fort. étendu de l'armée russe. Il faut ajouter que si l'Angleterre n'a pas beaucoup à perdre, car, en cas de rupture, sa flotte...