Extrait du journal

perçaient à travers les applaudissements de la claque. Ici encore la poursuite de l’horreur dé passe le but. Visiblement, il y a dans ce sadisme trop de littérature pour le public de la salle Moncey. La critique suit les tentatives de Mlle Ma guéra avec l’intérêt que méritent leur ardeur et leur conviction, mais il serait temps pour l’in quiète directrice de se fixer. Elle risque de las ser cette bonne volonté, en la mettant trop sou vent à l’épreuve pour de minces objets. Qu’elle prenne un parti et s’y tienne. Comme prochain spectacle, elle annonce un drame. En voyant ce qu’elle a fait jusqu’ici, dans la situation de son théâtre et avec le public qui y vient, je crois dé cidément que seul le drame, le mélo, peut lui procurer le succès. Les nombreuses variétés du vaudeville peu vent se ramener à deux sortes principales, l’une que conduit la libre fantaisie et l’autre que rè gle la stricte logique. Tantôt l’auteur lance sur la scène une idée plaisante, qui court et rebon dit en cascades imprévues, sans causes ni raports nécessaires : Plaisir d'amour, qui poursuit; Cluny sa joyeuse carrière, est un type du genre; tantôt, par des calculs d’une précision rigoureuse, il combine un jeu de rouages qui, une fois montés, fonctionnent d’eux-mêmes, . produisant des effets inévitables ; de cet autre genre, MM. Valabrègue et Hennequin viennent de donner au Palais-Royal, avec Coralie et C%/ un échantillon fort heureux. Ici le rire, naît de l’imprévu produit par lé prévu et de la folie engendrée par la raison. La gauloiserie,—c’est-à-dire les côtés grotesques de l’amour, présentés à la manière bon enfant do Paul de Kock, — est la poétique de la. pièce; qui conserve par là une innocence paradoxale. Les auteurs l’ont relevée de quelques touches réalistes, dans le goût de l’ancien ThéâtreLibre. Ils nous montrent un des personnages tourmenté par un mélange de poil à gratter et de poivre de Cayenne. C’est le symbole de la pièce elle-même. On trouverait que la dose de poivre est trop forte si l’énormité de la bouffon nerie ne sauvait cette indécence, en faisant do miner l’impression de l’impossible, partant de l’inoffensif. Coralie et Ce désigne une maison de modes, fort élégante et fort chère, complétée par une en treprise de galanterie : lorsque leur note atteint un gros chiffre, les clientes peuvent passer du salon d’essayage dans des chambres discrètes, où des hommes dir monde reçoivent la confi dence de leurs embarras et les aident à en sortir. Existe-t-il des maisons de ce genre? Je n’en sais rien, mais il se pourrait, car la coquetterie...