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Le Temps, 4 juillet 1881

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Le Temps
4 juillet 1881


Extrait du journal

Moi, je suis la fille du sol, J’ai, — la plus fi.ère en serait vaine, — Du sang de France en chaque veine ; Le seul vrai rire où je me plais Rit dans Molière et Rabelais. Je vis de l’air des folles courses, Je n’ai pour fard que l’eau des sources. L’esprit gaulois qui me lança A travers les champs, me dit : « Ça ! Parle, chante, mords, et fais rire ! » Un coin de borne pour écrire Tout : pièces, rôles, écriteaux ; Pour scène, deux mauvais tréteaux ; Pour décor, quelques pans de toile ; Et pour lustre la belle étoile : Tel fut en gros, comme en détail, Mon théâtre, nu, mais sans bail. Comme elle avait de l’allure! comme son rire était hardi et provoquant ! quels succès nous lui prédisions si elle s’engageait résolu ment dans la voie que le hasard venait de lui ouvrir! A quelque temps de là, un mal terrible la prit, la fièvre typhoïde, je crois, et elle mou rut au seuil même de la célébrité, qu’elle avait ambitionnée toute sa vie. Mlle Biancaa pris sa place. Elle est belle fille aussi, et avenante et gaie ; mais, dame ! ce n’est plus le même relief. Quand la Vraie farce de Maître Patheiln avait été reprise pour la première fois en 1872, je me sourœns que je n’avais pu m’empêcher de regretta tout le mal que n’était donné notre savant confrère pour traduire en vers moder nes les vers du poète inconnu qui rima cette comédie, vers la fin du quatorzième siècle. Les vers de ce temps-là n’étaient point sou mis aux entraves qui ont été imposées aux nô tres. La rime n’était qu’une assonance lointai ne; le retour alterné des rimes masculines et féminines n’était pas de règle ; l’hiatus était permis. C’était plutôt, à vrai dire, une sorte de prose rhythmée que des vers, au sens où nous entendons ce mot. J’aurais souhaité que M. Edouard Fournier, reprenant le vieux texte, le donnât dans son intégrité, se contentant de substituer au mot tombé en désuétude un mot connu du public, de rafraîchir des tours de phrase décidément trop vieux, et de supprimer des allusions deve nues inintelligibles. Nous aurions eu ainsi une restitution du texte primitif, avec sou système de versification lâche et d’assonances aima bles. Mais notre confrère aimait la poésie avec cette dévotion, avec cette ferveur que l’on re...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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