Extrait du journal
soutenables, et je comprends fort bien qu’on vive en outlaw; mais tu n’as point, que je sa che, rompu avec la société, et par surcroît, tu as cessé d’être seule au monde. Quand on a une mère, un père et un fils, il est absolu ment ridicule de parler, de liberté individuelle. Toutes ces choses, ma pauvre Charlotte, ta conscience te les a dites, j’en suis sûr, et au fond tu dois sentir que tu n’as été réellement sincère ni avec ta mère ni avec Géry. Il y a eu peut-être plus de loyauté dans le silence que tu as observé vis-à-vis de moi. J’en arrive à cette conclusion troublante que tu n’aimes plus le père de ton enfant ou, pis encore, que tu ne l’as jamais aimé! •— Ah! peux-tu dire!... s’écria Charlotte. — Dame! fit-il avec une froideur affectée de magistrat menant une enquête. Je t’avais ac cordé naguère le bénéfice d’un certain mysti cisme qui expliquait du moins ta conduite; mais tu t’en, es défendue comme un beau diable, tu t’es vantée de raisonner tous tes actes en femme positive et saine d’esprit. Eh bien, te voilà au pied du mur. Raisonne et justifie-toi. Dès l’instant où elle avait eu l’immense joie de pouvoir appeler Fabier son père, Charlotte avait bien senti qu’il obtiendrait d'elle tout ce qu’il voudrait. Aussi s’était-elle promis de se soumettre sans discussion, en continuant à te nir secrètes ~ par égard pour l’homme qu’elle aimait *— les raisons capitales qui lui avaient dicté sa façon d'agir. Mais à présent, sa franj cïiîsé étant mise en cause, il fallait parler. : —Soit! dit-elle. Si c’est un crime d’aimer quelqu’un sans désirer d’enchaîner sa vie,-je suis coupable. Coupable comme toutes celles qui ont eu un grand amour en marge des con ventions. Je n’ai jamais vraiment souhaité de venir la femme de Géry. J’ai subi son charme, sa fascination. Si je le revoyais je tomberais encore dans ses bras. Quelle est la force de ce vainqueur si doux, si patient, si respectueux? Ou plutôt quelle est ma faiblesse?... Je n’y vois d’autre excuse que la conviction où je suis que toute femme sur laquelle il daignera lever les yeux se laissera prendre comme moi-même. Mais n’est-ce point assez pour t’expliquer mes justes craintes?... Père, Géry ne sera jamais, pour la compagne de sa vie, le tuteur ou le maî tre dont nous avons besoin : c’est l’être d’amour, c’est l’Idole! — Ah! très bien. On n’épouse pas l’Idole; mais on lui sacrifie, n’est-ce pas?... — Pour, ensuite, ne plus se donner à per sonne, répliqua Charlotte simplement. •«.Nous rentrons dans le mysticisme, .ob...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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