Extrait du journal

— Vois-tu, Suzette, reprit Cécile, j’ai une ambition, c’est d’élever ton Emile, mon fil leul, et d’en faire un homme instruit. — Hélas! ma pauvre enfant, répondit la jeune femme, ce serait bien le temps de s’y prendre, car mon mari est trop fier pour faire admettre son fils gratuitement à l’école. L’en fant apprend bien ; mais, à mesure qu’il avance, il en coûte plus cher pour les leçons, les livres, le papier, que sais-je ? — Sœur, interrompit Bertrand, un bon mé tier vaudra mieux que tout cela, et quand il aura douze ans, je lui mettrai la varlope en mains. Si tu ne payais pas une partie de ses petites dépenses d’école, je ne pourrais pas continuer. D’ailleurs, je ne veux pas faire pour celui-là ce que je ne pourrai faire pour les deux autres. — Ah! mon Dieu, reprit Cécile, s’il n’en coûtait pas si cher pour entrer au sémi naire.... — A quoi penses-tu là, bonté divine! — Nous verrons, nous verrons. Que Dieu donne longtemps la santé à mon père et à ma mère, peut-être qu’un jour... — C’est impossible, ma chère enfant....