Extrait du journal

train et qui reviennent de Paris, chaque soir, à ia même heure. Vous devez, à la longue, con naître par leurs noms beaucoup d’entre eux. <— Certainement, monsieur, quoique... i— Eh bien, parmi ceux que vous connaissez, ne pourriez-vous me dire s’il en est qui se nom ment... >— Par grâce, interrompit le fonctionnaire, ne prononcez aucun nom!... Je désire ne rien vous dire qui puisse me mêler- à une affaire dont j’ignore d’ailleurs le premier mot, mais que vous m’annoncez vous-même comme sen sationnelle, et par conséquent très bruyante. Les voyageurs qui passent tous les jours devant moi ne sont à mes yeux ni des hommes ni des femmes. : ce sont des billets qui marchent. J’ignore et veux ignorer ce qu’ils sont, ce qu’ils font; je ne m’inquiète que de savoir où ils vont... Je vous demande pardon, monsieur; j’aime beaucoup la presse, mais j’aime encore mieux mon repos. Serviteur! Et le prudent chef de gare esquissa un salut courtois, qui avait la prétention de mettre fin à l’entretien. Mais il avait affaire à forte partie. Mallard, changeant de ton, et laissant tomber son monocle, riposta •: i— Votre réserve ne m’étonne pas, et je vous prie de m’excuser si je vous ai dérangé. C’est par devoir professionnel! Mais je disais moi-même à Georges, il n’y a pas cinq minutes, que; cela doit être fort désagréable, en somme, d’être interviewé. Georges ?... Qui est Georges ? demanda ingénument le chef de gare. — Un de mes amis, un habitant de Clamart, qui voyage sans cesse sur la ligne. Un homme qui s’occupe d’une grande agence de placement pour artistes dramatiques... Vous ne le con naissez pas? Voilà qui est extraordinaire, par exemple!... Voyons, cherchez bien! Il a un as socié qui s’appelle Louis. — Mais ce sont des prénoms, cela! Georges qui? Louis quoi? — Non! ce sont leurs noms véritables, dont ils ont même fait leur raison sociale pour leur grande maison de la rue Saint-Marc, à Paris. ■— Désolé!... fit le chef de gare, avec un mou vement d’épaules qui signifiait : Je m’en mo que ! — C’est bien ! conclut Mallard résigné. Après touf, ils prennent peut-être lë tramway, quand ils vont a Paris ou quand ils en reviennent. . «r- Oh 1 cela m’étonnerait, ne put s’emnêcher ^...