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Le Temps, 5 avril 1912

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Le Temps
5 avril 1912


Extrait du journal

sastre. La porte de sa chambre .est toute grande ouverte, un vent cruel la frappe et la transit. La porte une fois franchie, c’est la tragédie qui la guette au fond de la chambre sans plus de feu. Et lorsque, d’une main tremblante, elle a fermé la fenêtre et allumé une bougie, son cri d’horreur parvient à ceux qui sont en bas. Le feu, qu’on n’a pas entretenu, est depuis long temps éteint. Le vent a ouvert la fenêtre mal fermée, et a ouvert la porte. La pluie glacée a coulé sans pitié sur table, chaises et plancher. La cage est festonnée, drapée, revêtue entière ment de glace, et au fond dé leur nid de foin,, les souris ont été gelées à mort. Effie se montra inconsolable. — Je ne me le pardonnerai jamais! Ce sera un chagrin pour moi jusqu’à la fin de mes jours! Tel était le refrain de ses lamentations. Tout le monde se montra rempli de bonté pour elle, chacun sé donna tort. On n’avait pas assez pris de précautions. Toute la maison était allée au spectacle, et c’était une faute. On avait laissé la villa s’arranger comme elle pouvait, et c’était de la folie. Mais Effie déclara qu’elle seule était à blâmer, attendu qu’à elle seule avait été confié le dépôt sacré. Mr. Burgoyne lui parla longuement. Il arrêta le mécanisme, abandonna sa tâche pour prodi guer à sa nièce toute sa philosophie. — Voyons, franchement, il n’y a p.as lieu, ma chérie, de s’affliger de la sorte. Ils se trouvaient seuls une fois de plus dans le grand cabinet de travail, lui, le bras passé autour d’elle, et elle, regardant le feu. — Mon oncle, je voudrais que vous me disiez exactement ce qu’elles ont ressenti. — Fort bien. Je vais te dire tout ce que je peux, mais j’avoue que ce ne sera pas grand’chose. — Qu’ont-elles ressenti au juste? Je voudrais savoir. — Elles ont souffert, l’espace de quelque temps. Elles se sont agitées d’un air inquiet. Au point de vue mental, elles ont éprouvé à peu près ce que pourrait éprouver un petit en fant de deux ans qui se trouverait perdu, une sorte .de morne désespoir, une vague sensation d’injustice et d’abandon, comme si l’univers tout entier se montrait cruel, mais tout cela, plus obscur encore que chez le petit enfant. — Oui. C’est affreux. — Effie, je te le dis parce que je le crois. D’autres déclareraient .qu’aucune pensée de...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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