Extrait du journal
— Elle est bien contrariée, elle aussi, dit Edith, mais que faire? On ne pouvait laisser les enfants seuls. — Elle aurait dû les amener, répondit l’hô tesse avec un coup d’œil significatif sur la nur sery improvisée dans le coin de la salle. — L’idée ne lui en sera pas venue, interrompit Hughes... Enfin je suis bien aise que ma sœur se fasse une idée de la société dans notre pays. — Oui, je suis bien heureuse que vous nous l’ayez amenée. Nous sommes tellement à court de dames... Une de plus est une acquisition. — Mais nous n’allons pas danser, dit Hugues, souriant à sa sœur, un peu déconcertée par cette suggestion. Ma femme a insisté pour que nous revenions de bonne heure. Si nous nous mettions à danser, vous savez, nous ne pour rions plus nous arracher... — Vous n’allez pas danser! s’exclama Mrs Dennison avec une expression si lamenta ble qu’Edith se demanda s’ils n’avaient pas eu tort de venir. Vous danserez, sûrement, pendant que vous serez ici? Pourquoi pas? — Moi, jé danserai quand on appellera mon numéro, et vous danserez avec moi, dit Hugues galamment. Et si je donne la pièce au violo niste, peut-être se laissera-t-il corrompre. Quant à ma sœur, elle n’entend rien à la danse, mistress Dennison. Son éducation a été négligée de ce côté-là 1 Le brave Hugues Ellery détestait mentir, mais quand il s’agissait de tirer sa sœur d’em barras, il n’y regardait pas de si près. — Mais vous devez avoir envie d’apprendre? s’écria la petite femme, regardant Edith avec surprise. — J’y ai souvent pensé, murmura Edith, à moitié amusée et à moitié vexée. Heureusement pour elle l’on appela les premiers danseurs et Mrs Dennison dut les quitter. — Comment pouvez-vous faire de pareilles histoires? dit-elle à son frère. — C’est pour vous, ce que j’en fais, petite in grate; où seriez-vous sans moi? Foulant de vos pauvres petits pieds ce plancher grossier au risque de vous jeter par terre. N’oubliez pas votre dette de reconnaissance envers moi. Et il s’installa confortablement, de manière à voir les danseurs qui débutaient par un qua drille. Edith regardait; s’amusant, comme lui, des coquetteries naïves des jeunes filles aux joues colorées, et des pas prétentieux de leurs cava liers en chemises de flanelle et dont presque tous avaient les jambes arquées par l’abus du cheval. De temps en temps un cri s’échappait du lit crèche et amenait deux ou trois mères qui désertaient le quadrille sans s’émouvoir du dé...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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