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Le Temps, 5 octobre 1936

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Le Temps
5 octobre 1936


Extrait du journal

Invité par le. Parlement et surtout par le Sénat à déclarer que la dévaluation de notre monnaie ne pourrait produire le soulagement que d’aucuns en attendent que si l’ordre et la paix intérieurs fournissaient à cette réforme un « climat » favorable, le gouvernement n’avait point contesté cette vérité première. Quelques heures passées, l’ordre public et la paix sociale ont failli être troublés dans Paris. Une partie du personnel des hôtels, restau rants et cafés a abandonné son travail, et même plusieurs de ces établissements ont été «occupés». Le gouvernement, par une dquee opération de police, a fait cesser cette «occu pation ». Par une autre opération plus secrète, il a obtenu que la grève cessât. Sans-doute s’en félicite-t-il, et nous en félicitons les inté ressés avec lui. Mais les intéressés, ce ne sont pas seule ment les hôteliers, leur personnel et leur clientèle, c’est toute la nation française. Une importante réforme monétaire a été décidée sur la demande pressante du gouvernement. Comme l’a dit M. Joseph Caillaux à la tribune du Sénat, la dévaluation est un sacrifice que doivent supporter tous les citoyens et qui ré clame d’eux tous un effort de civisme. Or, qu’avons-nous vu ? Le Salon de l’automobile avait amené à Paris de nombreux visiteurs, provinciaux et étrangers. La fin des vacances redonnait à la capitale une activité nouvelle. Et, soudain, les visiteurs de Paris ont été me nacés de se trouver sans gîte, et durant tout un joui -ils ont pu être privés de boire et de manger. Qui avait décidé de rendre ainsi inhospitalière la capitale de la France ? Qui avait choisi perfidement ce moment pour porter à Paris, à Paris et à toute la France, ce grave préjudice ? Disons mieux : qui avait préparé ce mauvais coup contre le gouvernement de Front populaire! Les communistes ont voté la dévaluation, et ils n’ont point dit qu’ils la votaient dans le secret espoir qu’elle aggravât encore la situation économique et financière du pays. Cependant des meneurs ont provoqué la grève des hôtels et restaurants, essayant ainsi d’empêcher.que ne se constituât un « cli mat » favorable à la réalisation de la réforme monétaire. Qui a inspiré les meneurs des gré vistes ? Quels sont les plus dangereux enne mis du gouvernement ? Depuis les grèves de juin dernier, le per sonnel des hôtels et restaurants a obtenu d’im portantes améliorations des conditions de son travail. Même si l’on pouvait prétendre que ces améliorations étaient insuffisantes, le ci visme le plus élémentaire obligeait les mécon tents à ne point choisir l’époque de la « ren trée », qui, est celle du Salon de l’automobile et qui est surtout celle où la dévaluation de la monnaie nationale vient d’être décidée, pour mettre Paris et, avec Paris, le gouvernement dans l’embarras. Le gouvernement prend de sévères mesures contre certaines associations qui ne font point partie du Front populaire, et ' croit ainsi ou affirme qu’il croit ainsi préserver l’ordre public de toute atteinte. Qui menace, en réalité, l’ordre public ? A cette question, la « formule » du Front populaire empêche le gouvernement de répondre clairement. Mais il ne peut pas ignorer que les citoyens français sont de plus en plus nombreux à constater ou à découvrir que les pires adversaires de l’ordre public sont parmi,ceux qui, pour les besoins de la cause révolutionnaire, feignent encore de soutenir le gouvernement. Quand on pourra se représenter l’ensemble de l’cpuvre accomplie par le ministère que préside M. Léon Blum, il apparaîtra qu’à tou tes les phases de son « expérience » ce minis tère s’est .heurté aux obstacles dressés contre lui ,par ses propres « soutiens » d’extrême gauche. Bien que nous pensions que les con ceptions gouvernementales du cabinet de Front populaire condamnaient d’avance son entre prise à ne point produire lés résultats proinis çt cherchés, nous reconnaissons que sa tâche ., a été chaque jour, et dès le premier jour, ren due plus difficile par ceux-là mêrhes dont il s’obstinait à se ménager l’approbation. Le communisme et la partie du syndicalisme que le communisme inspire ou manœuvre sont des dangers mortels pour la nation. Mais la nation a des ressources de résistance qui défendent à tout patriote conscient de désespérer d’elle. La première victime du communisme et du syndicalisme subversif aura été le gouverne ment lui-même, et il n’y aurait de salut pour lui que dans la décision qu’il prendrait et exécuterait de dénoncer et de combattre ses ennemis véritables. Les événements qui se produisent depuis quatre mois, ceux d’hier et ceux qu’on peut, hélas ! redouter pour demain, ne permettent guère d’espérer que le gouver nement se résoudra enfin à empêcher de nuire — non pas seulement ouvertement, mais clan destinement — les ennemis jurés de l’ordre §t de Ja paix publics....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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