Extrait du journal

fJUL^ETlÏÏ~DU JOUR Le mouvement électoral se développe et bientôt il n'y aura plus d'autres nouvelles intérieures que les professions de foi. Ceux de ces documents qui émanent des candidats bonapartistes ont un caractère qui mérite d'être signalé aux conservateurs éclairés et sincères. Naturellement, les professions de foi proclament la nécessité de "défendre le pouvoir du maréchal MacMahon et de se soumettre aux lois établies, mais elles ajoutent aussitôt qu'il faut, sans relâche, songer à la clause de révision et réclamer pour le peuple la puissance constituante qui lui a été ravie. Sous ce rapport, les candidats de toute nuance, depuis les représentants de l'empire libéral, -l'empire de la dernière heure j usqu'aux hommes du 2 décembre proprement dit, sont dans un accord parfait. Tel homme politique poussé dans la vie publique comme fils de proscrit et comme chargé de flétrir les violences de 1851 semble avoir copié textuellement les phrases de tel ex-magistrat, tristement fameux pour avoir participé avec une sorte de fureur aux proscriptions qui suivirent le coup d'Etat. Il faut, disentils les uns et les autres, que la nation soit investie du droit de prononcer sur ses destinées, «conformément au plébiscite de 1870.» Semblables aux émigrés de 1814, qui ne voulaient rien reconnaître de ce qui s'était accompli depuis 1789, ces légitimistes de nouvelle espèce dénient toute valeur aux actes de la dernière Assemblée. La France s'est arrêtée en 1870 les événements survenus dans l'intervalle, le vote de déchéance, la proclamation de la république, la Constitution du 25 février, ne sont que des faits brutaux devant lesquels on s'incline parce qu'ils ont la force, mais qui devront être effacés le plus promptemeni possible. En un mot, c'est la pure 'doctrine de la guerre cielle la chose est tellement évidente que les yeux les moins exercés s'en apercevraient s'il n'avait plu à M. le ministre de l'intérieur de couvrir de son aveugle ou savante indulgence ces fauteurs de révolution. Prêcher la révision d'un organisme politique avant même qu'il ait été mis à l'essai; se réclamer d'une légalité abolie et -flétrie par la représentation nationale; demander comme un droit le plébiscititrc'est-à-dire une forme que les lois actuelles tant constitutionnelles qu'organiques sont unanimes à réprouver: tel est le programme des bonapartistes. Jamais parti ne mérita plus complétement pour luimême ce nom dé factieux qu'il a conservé l'habitude d'appliquer aux autres. Si les conservateurs s'y trompent, il faudra qu'ils y mettent une singulière bpnne volonté. Au surplus ces manifestations intempérantes n'arriveront pas à donnçr à l'élection qui se prépare un ton de violence et d'emportement au contraire, les républicains, instruits par ce spectacle, surveilleront de plus près leur langage et se cantonneront plus strictementsur le terrain constitutionnel. M. Buffet a parlé si souvent des terreurs, de l'effroi et de l'affolement de la France pendant la période électorale que les journaux étrangers ont fini par le prendre au mot « La France va être livrée » à une immense agitation, dit le » ») journal de Saint-Pétersbourg on peut » s'attendre que les passions vont se donner » libre carrière. L'absence même de l'As» semblée aidera à élever le diapason. » C'est ainsi qu'on parle de nous enEurope. Grâce à M. le ministre de l'intérieur, 1 étranger a oublié que dans notre pays, les troubles électoraux sont à peu près, inconnus. Il y a plus de tumulte dans un seul comté d'Angleterre ou d'Amérique, en, temps d'élection, que dans la France tout entière. Mais l'opinion des étrangers ne tardera pas à se modifier., «Vous êtes; disait récemment M. Laboulaye à cette Assemblée dans la disparition de laquelle le Journal de Saint-Pétersbourg voit un élément d'ordre de moins, vous êtes des » législateurs agités au milieu d'un peuple » tranquille. » Or les législateurs ont pris...