Extrait du journal
La séance publique, conclusion du comité secret, a pris fin cette nuit vers deux heures. L’ordre du. jour de M. Dumont et d’un grand nombre de ses collègues, qui reprenait fort jus tement la déclaration des députés d’Alsace-Lor raine en 1871, reparaissait mais modifié par quelques adjonctions dont le mérite principal n’était point la clarté. Dès lors, on n’avait pas besoin d’indiscrétions pour comprendre que tout l’intérêt de la dernière journée fut non point dans les séances -proprement dites, mais dans les intervalles et suspensions où les grou pes avaient discuté séparément pour aboutir à un accord. Le groupe socialiste surtout avait longuement délibéré, tandis que le reste de la ' Chambre s’efforçait de lui donner satisfaction en accommodant au goût du Soviet la formule plus simple et plus explicite à laquelle on avait tout d’abord songé. Quand la séance publique s’est ouverte, l’ac cord n’était pas fait. Même le salut à la fois cordial et respectueux à la « société des na tions, » ne parvenait pas à vaincre la résis tance des minoritaires d’hier, aujourd’hui di recteurs incontestés de la tactique et de la pensée socialistes. C’est alors que le président du conseil a pris la parole. Lui seul, après ces longues journées de fatigue, après tant de chi canes et d’incessantes redites, lui seul pouvait à cette heure tardive conquérir l’attention de l’Assemblée, et l’émouvoir enfin comme il a fait. L’appel si pressant et si touchant, cle M. Ribot i l <; ..mon sacrée » eût été entendu de tous les socialistes unifiés si leurs oreilles ne semblaient closes en ce moment à toute voix qui ne vient pas de Stockholm. Le prési dent du conseil a prié, supplié les socialistes de voter tous avec la majorité. Il les a adjurés presque trop, car leur attitude ne pouvait laisser aucun doute sur leur résolution finale. On doit croire que les rédacteurs de l’ordre du jour et le président’ du conseil tenaient par-dessus tout à bien marquer que l’on avait fait tout le possible, et même un peu plus, pour retenir les députés français que la propagande pacifiste des Allemands ou la manœuvre alle mande de Stockholm sont parvenues à trou bler, Vains efforts. Vaines concessions. Au vote final, la majorité du parti socialiste a répudié l’ordre du jour qui, repoussant toute politique de conquêtes et d’asservissement des peuples, limite nos revendications positives au retour de l’Alsace et de la Lorraine à la mère-patrie. Quant aux réparations sans lesquelles il n’y aurait plus de justice, et aux garanties sans lesquelles il n’y aurait point de paix, durable, l’ordre du jour ne pouvait leâ préciser. Et, en effet, réparations et garanties se mesureront aux résultats obtenu, par l’effort militaire de, la- Franceet de ses alliés. Tout le -reste ne serait ou n’est que précautions légitimes des gouvernements, Ou verbiage pur et simple des Assemblées. Il serait puéril et presque injuste de blâmer les socialistes qui n’ont pas voté l’ordre du jour de MM. Charles Dumont, Klotz et leurs collègues. On devrait peut-être les féliciter de leur franchise. Ils n’ont pas voulu adhérer des lèvres puisque le cœur n’y était point. Après leur attitude et leur langage au conseil national de leur parti, à quoi donc eût servi un rallie ment de pure forme? M. le président du conseil se trompe, nous semble-t-il, s’il croit qu’un ordre du jour unanimement voté lui aurait conféré plus d’autorité et de prestige. Par cela même qu’un texte eût recueilli des adhésions de complaisance ou manquant tout à fait de sincérité, il eût encore perdu en signification, et il aurait prolongé l’équivoque. L’énorme ma jorité de 467 voix contre 52 suffit, et au delà, pour gouverner ce pays, et pour le diriger yers_...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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