Extrait du journal

pas que les jeunes polytechniciens eussent poussé à l’applaudissemenfr. Quand ils sont réunis et en uniforme, les bienséan ces et les règlements leur interdisent les manifestations trop bruyantes. Ils se croient tenus à beaucoup de réserve. Mais le public fit tout seul la besogne de la claque; Il découvrit tout seul les bons endroits et les souligna discrètement soit par un murmure de sympathie, soit par des battements de mains, qui n’en étaient que plus éxpressifs pour n’être pas soutenus et renforcés par les 130 paires de battoirs aux gages de l’administration. — Si nous renouvelions cet essai ? dit l’administrateur, général aux sociétaires. Ils ne demandèrent pas mieux. Outre que c’est tous les soirs un supplément de recette de 3 ou 400 francs qui allaient tomber dans leur caisse, ces messieurs se sentaient assez sûrs du public et assez forts de leur talent pour tentercette innovation. Depuis ce jour-là la claque n’a pas reparu à la Comédie-Française. Ce n’estpasencore un congé définitif ; mais il pourrait le de venir si les choses tournent comme on l’espère. J’en serai bien aise. Ce n’est pas que j’aie jamais sénti contre cette institution de la claqué les indignations violentes que j’ai vues plus d’une fois s'exhaler contre elle. On parle toujours des anciens théâ tres où elle n’existait pas, et où les succès n’en étaient pas moins vifs et moins bruyants. Mais les mœurs ont terrible ment changé. Au dix-septième et mêmeau dix-huitième siècle le public des théâtres était peu nombreux et ne se renouvelait guère: c’était un publie d’habitués, comme est celui de telle petite ville, où tout le monde se connaît, où tous sentent à peu près de la môme façon et peuvent le té moigner en même temps. Tous ces bons bourgeois de Paris qui se donnaient rendez-vous le soir au parterre, tandis que les grands seigneurs prenaient place sur le théâtre ou dans les loges, étaient en communication directe et in time les uns avec les autres, et tons en semble avec les acteurs. Ils se^ sentaient les coudes, comme dit, le troupier dans sa langue. Aussi n’avaient-ils pas besoin qu’on leur indiquât les beaux endroits,...