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Le Temps, 7 décembre 1870

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Le Temps
7 décembre 1870


Extrait du journal

Le nombre des ambulances devient in suffisant, et M. Ferry demande « que tou tes les maisons s’ouvrent, que toutes les familles trouvent un lit à offrir à ceux qui ont donné leur sang. » En faisant cet appel dans des termes tout à fait généraux, le gouvernement n’a peut-être pas assez songé à toutes les difficultés matérielles que beaucoup d’babitants de Paris ont à offrir un lit dans leur logement. Les appartements sont étroits, et à cause de la cherté des loyers, il y a peu de familles qui puissent disposer d’une chambre vacante. Avec la meilleure volonté on ne peut arriver à loger même un ami; à plus forte raison est-il difficile de recevoir dans son ménage un malade qui, malgré toute la sympathie qu’il inspire, est toujours un étranger. Pour le logement des mobiles, on pou vait donner des chambres et des lits où un blessé ou un convalescent ne peuvent être placés. De plus, un malade reste constam ment dans l’appartement, et demande des soins nombreux. Si la répartition des malades dans dé nombreuses ambulances est une bonne chose, l’encombrement dans les habitations privées est encore plus funeste. D’un au tre côté, si peu dangereusement blessé que soit un malade, il lui faut les soins médi caux; or, un médecin, s’il est obligé d’aller de maisons en maisons pour ne voir qu’un malade, ne pourra jamais qu’en soigner un nombre très restreint. Enfin, avec cette dispersion des blessés, l’alimentation sera d’une grande difficulté, et amènera certai nement des abus. On peut assurément compter sur le dé vouement de la population parisienne, mais il ne faut lui demander que ce qu’elle peut donner. Dans bien des maisons particuliè res, il est difficile de trouver des locaux convenables tandis que nous possédons beaucoup d’établissements et de monuments et d’hôtels abandonnés' par leurs proprié taires qui pourraient êtres transformés en ambulance. On pourrait même utiliser certaines é coles ; ce ne serait que pour quelques semaines. De4plus, on pourrait établir d’excellentes ambulances dans des églises assez petites et bien chauffées. Pourquoi ne pas se rappeler que nous sommes dans une crise terrible, et que dans toutes les villes assiégées on a toujours utilisé les monuments et les églises ? Le local trouvé, tout le monde pourra alors contribuer aux secours à donner. On apportera les lits, les matelas, les draps, l’argent nécessaire. Pour les soins, ils ne manqueront pas non plus, car les»femmes s’offrent partout et avec beaucoup de dévouement pour remplir le rôle d’infirmières. Cette organisation est la plus pratique dans une ville comme Paris, et la commis sion supérieure des ambulances, dont M. Ferry est président, devrait y aviser. Mal gré l’esprit de solidarité de la population parisienne, il faut autant que possible di minuer les sacrifices à faire, surtout quand cela est facile et avantageux pour tout le monde....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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