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Le Temps, 7 juillet 1898

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Le Temps
7 juillet 1898


Extrait du journal

glisser lentement vers la rivière comme la dame des brouillards. — Par où est-elle partie ? —• Je ne saurais vous le dire. Elle s’est mussée derrière le grand saule là-bas, qui cache la re traite du Semnon, et je ne l’ai point vue par après. Landier reprit le chemin de la Hennetière, la désolation dans le cœur. En réfléchissant aux réponses du pâtou, la pensée lui venait que sa fille s’était détruite en se jetant à la rivière, et il se reprochait de l’avoir affolée par son orgueil impitoyable. — Tu as plus de raison que moi, dit-il à sa femme; il faut que je sois d’un cœur bien dur pour ne lui avoir point pardonné sa faute, qu’elle ne connaissait seulement pas, et ne l’a voir pas embrassée une fois depuis six mois. Le bon Dieu m’en punit: je ne la verrai plus vi vante, celle qui portait le petit nom de son père. Dans l’après-midi tout de même, il continua ses recherches, depuis la Saudraie jusqu’à Rochebignon. Au long de la rivière et dans le si lence du coteau, il cria plus de cent fois le nom de Perrine, mais sans éveiller d’autre écho que l’effroi des hiboux et le croassement des cor beaux. . Le père Vingt-Neuf l’attendait au retour. Ren tré à la Forge pendant la matinée, il avait ap pris la nouvelle et venait offrir ses services avec ses consolations. Landier le prit à part et lui dit tout bas : — Je voudrais aller au moulin de Roche, mais rien qu’à la pensée les jambes me man quent et je n’oserais jamais dire au meunier de retenir le corps de la malheureuse, si le fil de l’eau l’amène au-dessus de la roue. Et le père Vingt-Neuf partit du pas boiteux de la pitié. Durant une des nuits suivantes, on profitait de la hauteur de l’eau pour faire travailler les meules, et le garçon meunier veillait seul à l’in térieur. Il arriva que le mouvement se ralentit, ce qui peut indiquer un engorgement de la buse. Le veilleur sortit pour vérifier la cause, lorsqu’il crut voir un corps glisser par-dessus les auges et entendre un gémissement aussitôt couvert par l’effort de la roue qui reprenait son élan. La frayeur, autant que l’obscurité, l'em...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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