Extrait du journal
L’ÉTAT ET LES CHEMINS DE FÈR EN ITALIE La Chambre italienne s’occupe de nouveau du régime des chemins de fer, qui, comme on sait, sont maintenant exploités par l’Etat. Il n’est pas de question qui intéresse. plus vive ment les partis italiens. Elle pèse comme un cauchemar sur l’opinion publique, qui entrevoit à travers les discussions techniques la menace d’un déficit de nature à rompre l’équilibre du budget national. Depuis quatre ans que l’Etat exploite les chemins de fer, trois phénomènes se sont ma nifestés avec netteté : d’abord l'insuffisance absolue et le mauvais état du matériel et des installations laissés par les sociétés privées; ensuite Taccroissement considérable du trafic; enfin la diminution sensible et continue du pro duit net, le produit brut s’accroissant au con traire rapidement. Veut-on des exemples? Le produit'net pour la dernière année de gestion des compagnies a été de 60 millions. Pour l’exercice 1906-1907, il est tombé à 50 millions pour un produit brut de 452 millions ; en 19071908, à 43 millions pour un produit brut de 482 millions. Le nouveau projet dé loi que le ministre des travaux publics a déposé le 3 juin à la Chambre est la conséquence de cette situation. Aux termes de ce projet, l’administration des chemins de fer sollicite pour les six années al lant de 1910 à 1916 une nouvelle autorisation de dépenses extraordinaires de 720 millions. La loi de 1906 : avait déjà autorisé âu même titre une dépense dé 1,390 millions, dont 480 pour le payement du rachat aux compagnies, -330 pour, la réparation du matériel; 580 pour achat et installations nouvelles. Comme d’autre part la Chambre à voté l’an passé plus de 600 mil lions pour, la construction de nouvelles lignes, d’une réelle importance d’ailleurs, soit stratégi que, soit économique, on arrive en récapitulant à un formidable total. C’est deux milliards sept cents millions qui de 1905 à 1915 auront été de mandés au crédit public. Il y a là de quoi alar mer les financiers soit en ce qui concerne les conditions générales du marché, soihplus spé cialement du point de vue de l’amortissement. .Et la diminution constante du produit net pré cise les craintes ressenties. La partie la plus discutée de la loi nouvelle est celle qui fixe les différents coefficients en vue de l’établissement du budget ordinaire : savoir pour l’entretien du matériel fixe, pour l’entretien du matériel roulant et pour le re nouvellement de ce même matériel. Le projet ’dé loi prévoit d’autre part la formation d’un fonds de réserve pour les dépenses ^extraordi naires et imprévues, sans assignation spécia le, que l’on n’a pas le temps de faire voter par les Chambres. Ce fonds de réservé sera cons titué par un versement annuel de 6 millions jusqu’à concurrence de 30 millions. En compa rant ces prévisions avec les derniers budgets, on constate que les dépenses pour l’entretien et le renouvellement du matériel tant fixe que roulant ont été jusqu’ici sensiblement plus éle vées. A la critique qui ressort de cette compa raison, M. Bertolini répond que les chemins de fer sont une administration d’Etat; que dans toute administration d’Etat, les forts crédits sont un encouragement aux fortes dépenses et un obstacle aux économies. D’où la réduction qp’il envisage. M. Bertolini a peut-être raison pratiquement. Mais quel argument il apporte aux adversaires du rachat ! Le but est d’ailleurs facile à discerner. En 'diminuant les dépenses, on veut augmenter le revenu net. Mais la question est de savoir si cette augmentation sera conciliable avec les nécessités de l’exploitation. On a, non sans.raison, reproché aux compagnies le mauvais état dans lequel elles ont laissé leur matériel. Et l’on se prépare à dépenser moins qu’elles. N’y a-t-il pas lieu de craindre que le parti pris de réduire au minimum les frais d’entretien et de renouvellement du matériel ne provoque une crise pire encore que celle qui a motivé le ra chat ? Au surplus le budget dés chemins de fer n’a jamais été clairement établi. C’est la bou teille à l’encre. Et l’on peut être assuré que, quel que soit le produit net versé au Trésor, — 60 millions cette année, — l’exploitation du ré seau sera longtemps encore une lourde charge pour les finances publiques. On prévoit que la discussion sera vive. Elle a commencé à la commission du budget entre le ministre et M. Rubini. Et elle a donné lieu aux observations que nous venons de résumer. La majorité de la commission ne s’est pas laissé arrêter d’ailleurs par les objections.et elle a accepté le projet du gouvernement. On saura fl’ici peu le sort que réserve à ce projet le débat public à la tribune....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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