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Le Temps, 8 juin 1887

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Le Temps
8 juin 1887


Extrait du journal

En Hongrie, les députés libéraux qui suivent la bannière de M. Tisza devront leur succès autant aux mérites de leur chef qu'à la faiblesse de leurs adversaires. Ils n'ont à compter, en fait de compétiteurs, qu'avec un groupe d'hommes politiques de l'extrême gauche, qui du fait même de leurs opinions avancées et à cause des modifications qu'ils désirent introduire dans la loi d'union politique de l'Autriche et de la Hongrie, n'ont pas de prise sérieuse sur les masses. D'autre part, le second parti d'opposition, les libéraux modérés, conduits par le comte Apponyi, ont le tort de n'avoir jamais su formuler de programme précis, et leur chef a si ,souvent varié dans ses opinions que les critiques qu'il vient de formuler, dans son manifeste électoral, contre les actes du régime actuel, restent sans portée et n'auront vraisemblablement aucune influence sur le verset du pays. '¡, ,?~ "<, ̃j Ce n'est pas que l'administration de M. ,Tisza, dans la législature précédente, soit exempte de tout reproche. La Chambre, qui lui obéit aveuglément, n'a voté d'autres lois utiles que la prolongation du mandat de député de trois à cinq ans, la réforme de la Chambre 'des magnats, l'organisation du .Landsturm; d'autre part, la situation financière du pays est restée précaire tous les budgets se sont clos en déficit, des emprunts successifs sont venus grever les ressources du Trésor, et il faudra sans doute, à la rentrée, voter de nouveaux impôts. Mais M. Tisza est parvenu à être l'homme le plus populaire de la Hongrie moderne par l'ascendant de son ferme caractère, il a discipliné son parti, s'est attiré l'attachement des masses électorales, a gagné la confiance de l'empereur, a su fonder, sans conteste, l'existence politique régulière du pays il n'y a personne dans la Chambre qur puisse s© mesurer avec cet ïiomme d'Etat, et lui seul passe pour capable de rétablir la prospérité financière du ̃pays quoique d'une honnêteté scrupuleuse, ,il sait manier le pouvoir de façon à s y maintenir aussi est-il à peu près sûr que la malorité de 120 voix dont il dispose à la Cham,bre lui reviendra grossie aux prochaines élections....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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