Extrait du journal
EXAMEN DEJNSCIÊNCE La commission d’enquête sur « les journées de février », et notamment sur la manifesta tion sanglante du 6, n’a pas terminé sa tâche. Dès maintenant, toutefois, les dépositions qu’elle a reçues détruisent un certain nombre de légendes, de celles que les propagandistes intéressés du carter s’efforçaient de répandre en province. Il n’y a pas eu, le 6 février, d’ « émeute fasciste ». Que, parmi les groupements qui prirent part à la démonstration, quelques-uns ne nourrissent pas une particulière tendresse pour les institutions parlementaires, personne ne le conteste. Mais les. manifestants étaient animés surtout d’un immense besoin de pro preté, de probité, de justice, par le sentiment que l’excès d’esprit de parti mettait en péril l’honneur du régime, par la volonté de faire entendre que la République ne devait pas être la chose' d’ùn clan, d’un groupe, d’une coa lition. Il sera difficile sans doute de rétablir devant la commission d’enquête l’atmosphère fié vreuse, indignée, de cette journée. L’âme des foules ne se retrouve pas aisément dans les analyses, dans les rapports, dans les déposi tions toujours plus ou moins sèches. Un her bier ne saurait donner l’idée d’un champ. Les enthousiasmes confus et contradictoires, la gravité émouvante du défilé pacifique des an ciens combattants* l’âme commune qui domi nait la foule des manifestants et des curieux, et qui dépassait de beaucoup les programmes divergents des groupes organisés, la douleur et la colère après la première fusillade, voilà ce que quelques-uns ne veulent * pas encore comprendre. On sent toutefois cette pensée commune dans un certain nombre de lettres que publie notre confrère le Matin. La com mission. d’enquête ne saurait les négliger si elle veut avoir une impression exacte et fidèle de cette journée tragique. Il n’y avait pas d’armes du côté dès mani festants. Les balles sont venues d’ailleurs. Et l’on s’étonne que des commissaires, aveuglés par l’esprit .de parti, essaient de détourner l’at tention vers des groupes « de mercenaires » qui auraient eu des «points de rassemblement», et des armes, alors qu’il est démontré sura bondamment que, le 0 février, pas un pistolet, pas un revolver ne se trouvait en possession des prétendus « ëmeutiers ».v De'même, les questions sur les « infiltrations » de l’Action française à l’Union nationale des combattants feront sourire -tous ceux qui conhaiêsent quel que peu l’Union nationale, comme elles ont fait d’ailleurs sourire la commission d’enquêté. ». Il est ainsi démontre - que- les*- tentatives de soulever la province contre Paris, contre les prétendus « émeutiers fascistes » du 6 février, ne sauraient- provenir que de l’ignorance ou de la mauvaise foi. Au surplus, la vérité se fait jour de plus en plus et devient évidence. M. Marcel Déat lui-même, dans un discours prononcé à Lyon, a fait justice de cette légende simpliste, à l’usage des fanatiques du cartel. « Le 6 février, dit-il, place de la Concorde, il y avait des réactionnaires, des fascistes, des petites troupes organisées et courageuses, oui, mais il y avait aussi une foule énorme de braves gens, qui n’avaient pas d’opinions poli tiques, mais qui, par contre, avaient des sujets de mécontentement et de colère. Il y avait même des radicaux et des socialistes, et, s’ils manifestaient, c’était contre les salauds qui déshonorent la République. » Voilà en effet la vérité exprimée plus brutalement mais dans le même sens que nous...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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