Extrait du journal

de perles merveilleuses. Une exclamation admirative échappa à la jeune femme ; elle oublia sa colère et ses griefs. Ses yeux dévoraient les perles, ses doigts les palpaient amoureusement. Caterina la laissa se rassasier de leur vue, puis elle demanda, avec une honte intime dont elle ne fit jamais confidence à personne : ' — Ces perles te plaisent-, Laura ? La jeune femme répondit par un geste signi ficatif. Caterina poursuivit : — il serait difficile, en effet, d’en trouver de semblables dans le commerce. ' Elle prit le collier dans ses mains, qui trem blaient un peu, le regarda un instant. — Moi, je ne les porte presque jamais, ajoutat-elle; c’est une parure de jeune femme. Il y eut un instant de silence. Puis, d’un geste brusque, Mme Spadaro tendit les perles à sa bell<*fille. — Si tu les essayais, Laura? Celle-ci passa ie collier autour de son cou, d’un mouvement presque fiévreux. Elle portait un peignoir échancré ; écartant les dentelles qui en ornaient l’ouverture, elle découvrit la blan cheur de sa gorge et de ses épaules. — Regarde-toi à la glace, dit Caterina. : La jeune femme s’examina longuement dans ; la psyché, avec complaisance. Enfin, elle se re-! tourna vers sa belle-mère. Celle-ci tendit les î mains. ' . — Rends-les-moi, dit-elle, que je les serre. Laura eut un mouvement de recul et cacha sa i poitrine avec ses bras comme pour protéger lé trésor qu’on lui redemandait. — Qui, tout de suite, balbutia,-t-elle. — Je les garde pour Marinella, reprit Mme Spadaro, ce sera mon cadeau de noces... Elle ajouta, après quelques secondés d’arrêt : A moins que... — A moins, que ? demanda nerveusement Laura. — A moins que... nous ne fassions un pacte, toi et moi, un pacte dont personne ne saurait jamais rien. En disant ces mots, Caterina détourna la tête pour ne pas voir le visage de Laura ; celle-ci, à son tour, baissa les yeux. Ce collier qu’elle por tait au cou l’hypnotisait, lui enlevait toute force de résistance ; elle sentait que jamais elle n’au rait le courage de le rendre. Parfaitement im mobiles et muettes, les deux femmes restèrent quelques instants face à face et comme évitant de se regarder l’une l’autre. Il parut à Caterina...