Extrait du journal

L'Académie des sciences morales, et politiques a tenu aujourd'hui sa séance publique annuelle. M. Gebhart tenait le fauteuil de la présidence. C'est non sans une certaine pointe do mélancolie, au reste parfaitement adéquate à la demi-obscurité d'un triste jour d'hiver. que l'éminent professeur de la Sorbonne a commencé en ces termes l'allocution d'usage que lui imposaient ses fonctions Les derniers jours d'une présidence académique inspirent à celui de vos confrères dont la fonction va finir un vague sentiment de tristesse. Durant toute une année il a connu l'honneur de diriger vos assemblées, de veiller sur la bonne marche de vos travaux, de gouverner une république unie, libérale, pacifique de cinquante personnes animées-d'une même pensée, d'une même passion bien servir le pays par la science. De samedi en samedi, il atteint les dernières semaines de l'automne, la chute des feuilles, le déclin de sa dignité. Un dernier rayon de gloire lui est réservé par la tradition de l'Institut, un battement de tambour, un rapide séjour sur le fauteuil souverain de la Coupole, et puis, c'est fini. Et jamais plus il ne paraîtra à cette place d'où il va descendre en songeant tt la vérité profonde de la sentence imaginée il y a vingt-cinq siècles par Héraclite d'Ephèse, qui fut un grand mélancolique « Le même homme ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. »...