Extrait du journal

Ou a pu voir hier, aux dernières nouvelles, que vingt-six sénateurs de l’Union républi caine sur soixante-deux inscrits ont nommé une commission chargée de préparer un plan de révision. Dix des membres présents se sont, paraît-il, abstenus, ce qui réduit à seize le nom bre des électeurs de la commission. Comment se fait-il que pour un débat aussi important, annoncé dès la veille, tant de membres du groupe aient négligé de se rendre au Sénat? Les absents seraient-ils tous de fervents révi sionnistes, acquis d’avance à la politique de M. Labordère ? On nous permettra d’en douter. Seraient-ils, au contraire, les adversaires de cette politique ? On nous permettra, dans ce cas, de faire remarquer, non sans regret, que la présence de quelques-uns d’entre eux à la réunion eût déplacé la majorité. Mais il se pro duit dans les assemblées politiques ce qui se produit dans le corps électoral. A-t-on jamais vu les électeurs modérés fréquenter les réu nions publiques, parler ferme, imposer leur avis? Non, certes : quelques meneurs font tout le bruit et toute la besogne. De même, il suffit, dans une assemblée ou dans un groupe, de quelques hommes résolus et ardents, attachés au succès d’une entreprise, pour conduire où il leur plaît les esprits sages et mesurés. Per sonne n’oserait soutenir que la majorité vraie de l’Union républicaine approuve la nouvelle agitation révisionniste : il n’en est pas moins certain que l’enseigne du groupe se trouve d'ores et déjà, par le fait de quelques-uns de ses membres, compromise dans cette aventure, dont les conséquences ne tarderont point à pa raître. Sans doute, on fait d’ingénieux raisonne...