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Le Temps, 9 novembre 1872

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Le Temps
9 novembre 1872


Extrait du journal

Les réunions privées et les banquets continuent dans les départements en l'honneur des députés désireux de s'entretenir avec leurs électeurs avant la reprise de la session. Il n'est guère de jour où quelque feuille de province ne nous apporte le récit de nouvelles manifestations de ce genre. Nous trouvons aujourd'hui dans un journal d'Auxerre le compte rendu d'un banquet offert dans la ville de Noyers à la députation républicaine de l'Yonne et à laquelle assistaient trois représentants, MM. Lepère, Rathier et Bert. Le discours de M. Lepère, que nous avons seul sous les yeux, est parfois assez vif dans la forme, mais, au fond, il ne s'écarte pas du programme de modération et de réserve que la gauche s'est imposé depuis dix-huit mois, et qui a tant contribué à rallier les esprits à la république. Après avoir justifié l'adhésion 'donnée par son parti au gouvernement de M. Thiers, l'orateur rappelant la célèbre parole de l'éminent homme d'Etat l'avenir sera au plus sage a poursuivi ainsi « La sagesse a été sans cesse du côté des républicains, de ceux qu'on appelait avec affectation des gens de désordre, et qui ont montré sous le régime de la souveraineté nationale qu'ils étaient avant tout des hommes d'ordre et de paix. Est-ce à dire que cette sagesse ne leur ait point imposé parfois de durs sacrifices ? Non certes. Mais ces sacrifices, ils les ont subis sans cesser de maintenir et de' défendre les principes qu'ils avaient autrefois défendus et prêchés. Aussi la république s'est-elle fondée. Dès à présent, elle est définitive, malgré les vaines agitations et les attaques répétées de ses ennemis. » Un peu plus loin, faisant allusion au vote de déchéance rendu contre la dynastie napoléonienne, M. Lepère s'est écrié « Il faut le dire à la louange de l'Assemblée de Bordeaux, il y a eu un jour où elle a été unanime. Tous, sauf cinq ou six, se sont levés pour jeter à l'empire l'anathème et la malédiction. A ce moment-là, il n'y avait plus de partis, il n'y avait plus d'opinions, il ne s'est trouvé que des hommes d'honneur et il ne s'est produit qu'un haut le cœur. Ceux-là même qui avaient tenu par quelque attache au régime impérial et qui avaient agi de bonne foi. ont protesté avec le plus d'énergie. » Ce sont là les deux passages les plus saillants du discours du représentant de l'Yonne. En terminant, M. Lepère a énergiquement protesté contre tous projets de restriction du suffrage universel....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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