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Le Temps, 9 octobre 1892

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Le Temps
9 octobre 1892


Extrait du journal

Cette proposition inopinée, parait-il, a rencontré l’opposition très nette du maire. Ce magistrat ne s’est pas retranché derrière le texte de la loi qui veut que le mandat municipal soit gratuit, puisque la loi est violée en plusieurs endroits au vu et au su de-fiadministration. Mais il a fait valoir une consi dération d’un autre ordre qui aurait dû toucher, dans l’espèce, ceux qui se disent les représentants et, au besoin, les gardiens de la souveraineté du suffrage universel. « Nous n’avons pas annoncé à nos électeurs, a-t-il dit, lors des élections où nous étions candidats, que nous leur coûterions 70,000 francs. Il y a donc une question do bonne foi et de délicatesse à ne pas venir le lendemain leur présen ter la carte à payer. » Ce raisonnement, quelque topique qu’il fût, n’a pas fait reculer les auteurs de la proposition. Par 18 voix contre 8 et 3 abstentions, elle a ôté adoptée. Ce vote a naturellement amené la démission du maire. Que va faire le gouvernement? Se montrer moins scrupuleux que ce magistrat qui n’était rien moins qu’un républicain timoré, c’est bien difficile. Annuler et condamner à Toulouse des délibérations qu’on tolère à Paris et ailleurs ne l’est pas moins. Il y a là un point à régler. La législation actuelle n’est plus appliquée ou plutôt elle est violée ouver tement. On a soutenu, il est vrai, dans la discussion de 1884 que l’administration de certaines grandes cités méritait une indemnité à ceux qui en ont la charge aussi bien que le mandat de député. Mais la majorité n’a pas voulu admettre cette dérogation à l’essence du mandat municipal et la loi autorise simplement des frais de représentation pour le maire; si on la juge mauvaise, qu’on la change, mais si on la maintient, qu’on la fasse respecter ! Rien n’est plus fâcheux quo l’état incertain où l’on se trouve aujourd’hui entre une loi qu’on ne peut plus faire obéir et un principe qui n’est pas encore entré dans la loi. Il faut à tout prix ne pas laisser, dans une république, la violation des lois passer en habitude ; autrement on arrive, par ce côté-là en core, à l’anarchie. : ♦ : AFFAIRES COLONIALES...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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