Extrait du journal
cela même entachés d’une couleur religieuse, le ferme propos de ne revenir, sous aucun prétexte ni par aucun bout, au régime d’une religion d’Etat, tels sont les motifs qui l’ont retenue sur la voie où elle glisse de plus en plus. Elle a refusé, en somme, d’être consé quente avec ses nouveaux principes de so cialisme protecteur. Nous constatons cette inconséquence sans nous en plaindre. La réglementation légale du temps de travail et du tempâ de chômage ne nous inspire aucune confiance. Il n’en est pas moins vrai que, en fait, le dimanche est le jour désigné à la fois par la coutume la plus générale et les nécessités pratiques. Que veut-on, en effet, sinon que l’ouvrier ait un jour à donner à la vie de famille? Or, quel autre jour que le dimanche la famille de l’ouvrier peut-elle se trouver réunie et com me en vacance? C’est le seul jour où les éco les sont fermées, où les enfants restent à la maison et peuvent accompagner le père dans une promenade. C’est le jour où chôment les grandes administrations et où les ateliers, en grande majorité, suspendent le travail. Qu’un ouvrier se repose un autre jour de la semaine ; il trouvera la maison vide, et, com me conséquence, prendra sa récréation au cabaret. Non seulement la coutume impose donc le choix du dimanche, mais l’hygiène, la morale, l’intérêt du foyer exigent plus im périeusement encore qu’il en soit ainsi. Dès que vous laissez patrons et ouvriers libres de s’entendre sur le jour du chômage, il ne faut donc pas douter qu’ils ne tombent d’ac cord pour choisir ce jour-là. Les sociétés privées qui se sont fondées depuis quelque temps pour déterminer dans l’opinion publique un grand mouvement en faveur du repos hebdomadaire, ne font pas appel à la loi, et elles ont raison. Elles sont composées de libéraux et non de socialistes théoriciens. Elles veulent agir sur les mœurs, non sur l’Etat. Dès lors, on ne voit pas trop quelles objections pourraient être faites à leurs efforts. Aussi bien n’en formule-t-on qu’une seule : Vous allez, dit-on, introduire le dimanche anglais dans un pays comme la France dont les mœurs ne le supportent pas. Mais si nos mœurs ne supportent pas le di manche anglais, il ne sera pas établi, à moins que l’Etat ne prétende légiférer en cette ma tière. Qu’ils s’abstiennent de toute interven tion, et l’on peut être certain qu’en fait de repos hebdomadaire on ne prendra que ce que nos mœurs peuvent supporter ou même demander. Que le dimanche français résulte, non d’une disposition arbitraire du législa teur, mais du libre consentement des ci toyens, et il n’aura jamais le caractère dog matique et légal de celui de Londres ; il sera forcément, si l’on nous permet cette expres sion, un dimanche laïque. Voilà ce qu’il nous paraissait important de dire pour dégager cette question de tout préjugé. Sans doute il faut résister, au nom de la liberté civile et de la liberté de conscience, aux prétentions de M. de Mun et de son éco le, qui tendent à nous imposer le repos du dimanche au nom du commandement de l’Eglise. Mais on le peut, sans démentir le souci qu’ont en ce moment tous les philan thropes d’assurer un jour de repos aux tra vailleurs. Comme la raison de se reposer sera différente, la manière de se reposer le sera aussi. Quand le dimanche est imposé au nom d’une loi prétendue divine, le repos doit être absolu et il faut faire reposer les animaux et les machines comme les nommes. Au contraire, si le repos du dimanche est d’ordre humain et naturel, il n’a plus la mê me rigueur, il peut supporter des exceptions de toute nature dans les limites mêmes que marquent les nécessités pratiques de la vie sociale. Ce n’est qu’à ce point de vue de l’hygiène, de la morale et de la liberté de conscience qu’il peut être question dans une démocratie vouée au travail d’un jour com mun de repos. Telle est notre susceptibilité en semblable matière qu’imposer le diman che au nom d’une loi serait, à nos yeux, fort mal le servir. Du coup l’on ameuterait contre lui toutes les oppositions. Le plus sûr moyen de le faire aimer, c’est encore de le laisser libre. Il faut qu’il apparaisse comme un jour de vacance et de joie, non comme une règle intolérable. Il faut qu’on le désire, qu’on le réclame. A ce titre il deviendra bien tôt populaire. « LA CESSION DE HELIGOIAKD...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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