Extrait du journal
velours sombre un grand Christ d’ivoire dont la tête penchée semblé murmurer : « Tout est consommé! » Au pied de l’autel, agenouillée ’ sur un prie-Dieu aux coussins de velours pour pre, une femme abîmée dans une fervente, oraison tient ses yeux fixés sur le crucifix. C’est la duchesse d’Angoulême. Les rayons de la lampe éclairent un* visage qui fut d’une ra dieuse beauté, mais dont la souffrance a déjà; flétri en partie la délicatesse. Ses cheveux, d’un blond doré, si abondants que certains croyaient que Madame portait perruque, sont aujourd’hui plus rares et. comme décolorés ; quelques rides marquent la peau fine, et le teint éblouissant a ; pris une teinte d’ivoire jauni; ses yeux sem blent brûlés par des larmes qui ne côulënt . plus; ses lèvres forment une ligne mince et. pâle : ce sont des lèvres qui ne connaissent ni le rire ni le haiser. Ses mains» émaciées, croi sées dans l’attitude de la prière, ont la blan cheur mate de la.cire; sur son front pâle, la mélancolie, les pensées amères sont lisible ment écrites. Le doute, l’angoisse, le remords ' peut-être-, décomposent ce visage... Bientôt, la duchesse, exhalant un profond soupir, se leva, passa la main sur son front. comme pour chasser une pensée importune,, puis, s’approchant de la lampe et détachant deux agrafes de son corsage, elle prit sur sa poitrine un papier plié : c’était une lettre. Après avoir regardé autour d’elle comme pour s’as- , surer qu’elle était seule, elle la déroula, com-. mença à relire les phrases cent fois parcou-: rues : « Ma sœur, ma sœur bjen-aimée, par donne si-je brave l’étiquette, si encore une fois je fais appel à ton affection. Sache-le, crois-le, j’existe, je suis ton frère... » La duchesse en était là de sa lecture quand deux coups timides résonnèrent à la porte de ’ l’oratoire; une voix respectueuse murmura : — Madame... Elle se hâta de glisser le papier dans son corsage qu’elle rattacha d’une main tremblante, et adaptant à sa figure le masque impénétrable qui la couvrait habituellement, elle ouvrit la porte, témoignant une froide surprise à la vue .de la dame d’hosnëur gui essayait tout eQ émoi...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - de bienerth
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