Extrait du journal

Ce n'est pas sans peine que le Sénat en est arrivé à voter l'amnistie, et pour les familiers mêmes du jeu parlementaire, la séance d'hier peut passer à bon droit pour un exércice des plus compliqués. Le dénouement a été laborieux; mais le. but qui était à atteindre reste acquis; la formule qui va être renvoyée à la Chambre, pour être écrite un peu confusément, sera aisément déchiffrée et approuvée. Par quelle suite d'hésitations, de revirements, de changements de front, le Sénat a-t-il fini par accorder à l'opinion ce qu'elle demandait, c'est ce qu'un récit scrupuleux de la séance expliquera. Au début, M. Jules Simon, au nom delacommission, est venu annoncer que le principe de l'amendement Labiche était accepté. Les grâces que le gouvernement accordera d'ici au 14 juillet auront le caractère de l'amnistie. C'est Une concession que la commission conseillait au Sénat en réponse au pas en avant que la Chambre avait fait de son côté. Tout le monde était d'accord et M. Jules Simon a pu se borner à de q courtes explications. Une forte majorité s'est prononcée, en dffet, pour cette disposé tion. Mais, le principe une fois admis, les exceptions interviennent: 'le deuxième paragraphe mis aux voix stipule que les condamnés aux travaux forcés ou à la peine de mort pour assassinat ou incendie sont exclus, et une nouvelle majorité consacre cette restriction. Ilxsemble, à ce moment, que la cause.de J l'amnistieplénièrè, telle que la Chambre l'avait défendue, soit compromise. Une certaine émotion s'empare du Sénat; mais les urnes .vont circuler do nouveau; les scrutins continuent^ d'étapes en étapes, d'additions en additions, la loi finira par prendre sa vraie physionomie. ,• Par 141 voix contre 133, le Sénat décida que le paragraphe ne concernera que les condamnés par jugement contradictoire et non les contu*...