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Le Temps, 12 avril 1908

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Le Temps
12 avril 1908


Extrait du journal

Le gouvernement, par l’organe du ministre des cultes, s’est d’ailleurs employé de la manière la plus louable à faire comprendre hier à la Chambre la nécessité de donner cette légitime, satisfaction aux consciences catholiques. M. Briand, en cette rencontre, a parlé de telle sorte que les libéraux les plus pointilleux trouveraient difficilement quelque chose à critiquer dans les considérations qu’il a fait valoir. Comment , n’eût-il pas entraîné la Chambre à sa suite? L’amendement Berger n’était-il pas en harmo-' nie avec la politique large et généreuse pratiquée jusqu’ici par les pouvoirs publics dans l’appli cation de la séparation? Cette politique a pro duit, au point de vue de la paix; publique, des ef fets trop heureux pour que le ministre des cul-' tes pût craindre de n’êlre pas écouté quand il a adjuré la majorité républicaine d’y rester fidèle. U a pu se convaincre hier une fois de plus de ce que peut une dialectique sobre et séduisante comme la sienne au service de l’équité et du bon sens. Et peut-être cela lui a-t-il inspiré quelque regret de n’y avoir pas eu plus tôt recours. Mais n’insistons pas. Le langage de M. Briand, n’a pas été seule ment un réconfort pour les libéraux qui se sont fait un devoir de le soutenir au temps où il avait quelque peine à réagir contre les tendances des sectaires qui voulaient faire de la séparation une arme pour atteindre le catholicisme. Le Saint-Siège lui-même, s’il n’a pas irrémé diablement perdu tout sentiment des réalités, pourra y puiser la preuve des intentions conci liantes avec lesquelles le gouvernement abor dera la mise à exécution de la loi en ce qui con cerne lés sociétés de secours mutuels ecclésias tiques. Et cela lui dictera sa conduite. . ... Le ministre des cultes a déclaré avec raison qu’aucune considération de discipline ecclésias tique ne pouvait dominer la question de pré voyance et d’assistance dans le fonctionnement des sociétés de secours mutuels ecclésiastiques. Il ne s’agit pas là, en effet, d’associations cul tuelles. Il s’agit simplement d’empêcher que de vieux prêtres, mon pas parce qu’ils sont prêtres mais parce qu’ils sont hommes, ne soient exposés à subir les douloureuses épreuves de la, misère. Et ce caractère essentiel ne saurait être modifié par ce fait que l’organisme destiné à les, préserver de la faim aura accessoirement pour mission de faire exécuter les dernières volontés .des auteurs de fondations pieuses. Parler à ce propos d’éléments schismatiques qui pour raient vicier ces sociétés de secours mutuels, c’est prévoir à plaisir des éventualités d’une ‘ réalisation bien improbable, et qui d’ailleurs ne présenteraient quelque danger qu’au cas où ces éléments acquerraient la prépondérance. Mais alors croit-on que l’Etat serait désarmé? L’article 4 de la loi de 1905 ne permettrait-il pas de retirer à une société de secours mutuels qui cesserait d’être orthodoxe -le droit de faire dire les messes des fondations? Si la question d’as sistance prime tout quand c’est la distribution de secours qui est en jeu, la nécessité d’agir « conformément aux règles de l’organisation générale du culte », dans les termes de cet arti cle, ne s’imposerait-elle pas lorsque ce serait l’exécution des fondations de messes? , Refuser d’autorise*r les sociétés de secours mutuels sous prétexte que des litiges de cette nature pourraient naître, ce serait proprement être dans l’état d’esprit d’un homme sain et dispos qui aimerait mieux périr chez lui de con somption que de se hasarder dans la rue par crainte qu’un tuyau de cheminée no lui tombât sur la tête. Au surplus, la droite du Sénat et la droite de -la Chambre en s’associant au vote de l’amendeDorgvr- onl ourabojjdûfDi»enL j»oriirA qù’éllés né voyaient pas, a priori, d’ohjection fondamentale à son adoption, au point do vue dogmatique: C’est là une indication précieuse dont Rome ne peut pas ne pas être frappée. 11 .serait tout à fait fâcheux qu’elle la perdît de vue, au moment de se prononcer définitivement sur la question. Gela comblerait sans doute de joie les intransigeants qui ne rêvent que batailles.. Mais que de catholiques sincères, dont le seul souci est de maintenir la foi, seraient légitime.-' ment attristés — et déconcertés l i...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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