Extrait du journal

Le Standard, d'autre part, reconnaissant qu'on ne saurait ignorer les intérêts français en Egypte, affirme que notre cabinet a été informé d'une manière générale du but que le marquis de Salisbury cherche à atteindre en Egypte. Le problème que sir H. D. Wolff doit résoudre est, dit la feuille tory, de « chercher les moyens d'utiliser les ressources militaires de la Turquie là où elles sont nécessaires, sans pourtant fournir à la Porte l'occasion de s'immiscer dans l'administration de l'Egypte ». C'est sous une forme plus vague, le programme plus détaillé qu'indiquait la dépêche de Londres parue hier dans notre dernière heure. D'après notre correspondant, sir H. Drummond Wolff doit faire accepter par la Porte une combinaison qu'elle a toujours repoussée prendre possession du Soudan et le faire occuper par ses troupes, sous réserve de ne pomt toucher à l'administration de l'Egypte proprement dite et de n'y tenir que quelques garnisons, seulement en des points isolés et peu nombreux. C'est ce qu'affirme aussi le Standard, qui conclut par ces mots « Ce n'est pas à Paris que la question peut-être résolue, c'est à Londres et à Constantinople. » Les renseignements qui nous arrivent de cette capitale nous font prévoir que les propositions de sir H. D. Wolff y trouveront un médiocre enthousiasme. Les hommes d'Etat ottomans ne sont pas assez naïfs pour ne point voir que le programme soumis à leurs convoitises et à leur activité consiste, en définitive, à retirer pour les Anglais les marrons du brûjant sable soudanien. Le sultan ne peut avoir grand goût à reconquérir à ses dépens une terre éloignée, d'un accès difficile, dont la défense coûtera beaucoup d'hommes et d'argent, sans rapporter jamais ce qu'elle aura coûté, et cela, sous la condition expresse de ne point toucher à la plantureuse Egypte, réservée aux appétits britanniques. Ce serait jouer le rôle de chien de garde et ce rôle ingrat ne convient pas aux Turcs....