Extrait du journal

aux mains de cet homme intelligent et. bon ?... Miss Tremont pourrait-elle l’égaler?... A qui ressemblerait-elle ?... Viendrait-elle à sa ren contre?... Et comment la reconnaître au milieu de tous ces inconnus?... Tourmentée de ces doutes, elle continuait à fouiller des yeux les groupes ; elle ne tarda pas à remarquer deux dames âgées qui semblaient, elles aussi, scruter avec anxiété les visages des passagers, à mesure qu’ils débarquaient. L’une de ces dames, grande et mince, resiée jeune d’allure en dépit d’un visage fatigué et amaigri, gardait sous ses cheveux blancs des restes visibles de beauté. Tout en elle déno tait la race, un organisme nerveux et affiné. Elle pouvait être âgée d’une soixantaine d’an nées. Sa compagne, un peu plus jeune, de corpu lence plus forte, avait une figure brune, pleine, colorée, agréable sans aucune régularité. Son aspect témoignait d’un absolu dédain pourla> toilette. Ses bras étaient chargés de divers paquets. La brise porta clairement leurs voix aux oreilles de Patience. — La pauvre enfant ne serait-elle pas sur le bateau?... Serait-elle morte?... s’écriait la plus âgée. Mais non, le bon Dieu ne l’aurait pas per mis... Chère sœur, ne l’apercevez-vous pas? — Pas encore, répliqua la seconde d’un ton allègre. Mais elle y est. N’cn doutons point. Le bon Dieu me le dit. Sans doute le capitaine n’a pu encore quitter le navire pour nous l’amener.., L’une do ces deux dames est évidemment miss Tremont, pensa Patience. Je ferais bien de descendre. Quoiqu'elles paraissent terrible ment dévotes, elles ont toutes deux l’air bon et aimable... Elle descendit en courant et franchit la passe relle. — Je suis Patience Sparhawk, déclara-t-elle, et je suppose que vous êtes... Elle n’eut pas le temps d’achever, déjà dan! les bras de la plus âgée, qui la baisait tendre* ment au front pt à la joue. Gertrude Athertoü {Adapté de Sanglais par Louis Barron.) (A suivre}...