Extrait du journal
qui souffrent, et ce devoir les meilleurs l’accom plissent sans retour sur eux-mêmes, sans cal cul, sans arrière-pensée égoïste... Mais il faut prendre les hommes comme ils sont, et puis qu’il s’en trouve, hélas 1 dans le nombre qui passeraient peut-être auprès des pires souf frances sans s’arrêter, s’ils ne jugeaient prudent de le faire, qu’il soit permis de parler à ceux-là le seul langage qu’ils comprennent. Au surplus, l’essentiel n’est-il pas que les malheureux soient secourus, quel que soit le mobile auquel obéis sent ceux qui les secourent. Hâtons-nous d’ajouter que la charité de bon aloi, celle qui vient du cœur, n’est pas si rare. De toutes parts, on në demande qu’à bien faire, et surtout qu’à faire quelque chose. La difficulté est de savoir quoi. Non pas que les œuvres ne soient nombreuses, même les excellentes Mais d’abord tout le monde ne les connaît pas. Qui donc a prisla peine, en dehors des personnes qui s'occupent pour ainsi dire professionnellement de bienfaisance, qui donc a pris la peine d’étudier la carte géographique du Paris charitable ? Qui donc sait au juste où adresser une infortune? A quelle porte frapper, avec la certitude qu’elle s’ouvrira, et que le temps ne se consumera pas en démarches inutiles? Joignez à cette igno rance très commune l’indifférence assez natu relle pour des œuvres avec lesquelles on n’a d’autre rapport que l’envoi d’une cotisation et la réception de quelque circulaire ou bulletin, jetés au panier, après qu’on y a jeté un regard distrait. L’erreur d’un trop grand nombre d’in stitutions charitables est de ne pas chercher les moyens d’entrer ou de rester en communication avec leurs adhérents, de ne pas les associer d’une manière directe, active, personnelle au bien qu’elles font. Pourtant, le problème est là presque tout en tier. On peut avancer hardiment qu’il y a dans une ville comme Paris assez d’argent pour sub venir à toutes les détresses, et assez de dévoue ments pour consoler, pour relever toutes les infortunes. Il n’est que d’offrir à ces dévoue ments et à cet argent le moyen de s’employer. Quoi de mieux que les œuvres locales , les œuvres d’arrondissement ou de quartier ? Ce sont ces œuvres-là qu’il faut multiplier ; c’est à ces œuvres-là qu’il faut s’intéresser. L’arrondisse ment, le quartier sont déjà des champs d’action relativement vastes. La rue où Ton demeure, la 'maison qu’on habite en offrent de plus étroits. Croit-on que, si nous le voulions, les uns et les autres, si nous persévérions à le faire, si nous y donnions quelque argent, quelques instants de notre journée, nous ne pourrions pas, dans ces limites restreintes, faire d'utile et excellente besogne ? J’imagine que personne ne resterait en quié tude au coin de son feu, s’il savait que dans sa maison même une famille n’a pas de quoi se chauffer, et que personne ne s'assiérait avec satisfaction à sa table, s’il savait que, dans la maison d’à côté, il y a des gens qui n’ont pas de quoi manger. Le malheur est qu’on n’en sait rien. Tâchons donc de le savoir. Faisons chacun une petite enquête sur notre voisinage immé diat., Tâchons de ne pas ignorer qu’à côté de nous il y a des gens qui ont besoin de nous. Quand nous le saurons, nous aurons déjà fait vers eux plus que la moitié du chemin. Nous les aiderons dans la mesure de nos moyens; nous les recommanderons à d’autres, qui pour ront faire davantage. Ainsi, quand une poutre ne suffit pas pour maintenir une charpente qui menace ruine, on l’appuie d’une seconde, et celle-ci d’une autre encore. Nous ne croyons pas sortir des choses pra tiques, aisément réalisables, en disant qu’il dé pend de quelques hommes de bon vouloir qu’un 'patronage direct s’établisse ainsi de familles ai sées à familles pauvres, dans la plupart des rues et des maisons de Paris. Un lecteur nous écrivait, l’autre jour, du fond de sa province : .« Ce qu’il faudrait, ce serait qu’à Paris il n’y eût pas de quartiers pour les gens riches et de quar tiers pour les ouvriers. Si dans les campagnes et dans les petites villes on peut faire du bien, c'est qu’on vit plus près de ceux qui en ont be soin » Il a bien raison notre correspondant. Mais n’est-il pas possible d’atténuer, dans une large mesure, les inconvénients que présente la dis tance entre le Paris des riches et le Paris des pauvres? Et n’y a-t-il pas, dans le Paris de tous, une immense quantité de rues et même de maisons où la séparation n’est pas encore faite, où la rencontre, par conséquent, est encore aisée, où la pratique du devoir social est, en quelque sorte, sous notre main? », AFFAIRES COLONIALES Dahomey Par un télégramme daté de Porto-Novo, 10 jan vier, le général Dodds signale au ministre do la ma rine et aes colonies qu’il vient de faire une tournée jusqu’à Grand-Popo, en rencontrant partout sur son passage l’accueil lu plus favorable : il a pu voyager sans escorte. Quatre émissaires de Bohanzin ont été arrêtés à Whydah. Les chefs qui étaient à Allada se sont en fuis "avant l’arrivée de nos troupes, après avoir in cendié le camp et le palais du roi. Des parents de ceiui-ci ont demandé à faire leur soumission. ■Quant à Behanzin lui-même, il résulte de rensei gnements certains que tout son entourage fait les plus grands efforts pour l’amener à prendre le môme...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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