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Le Temps, 12 juin 1930

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Le Temps
12 juin 1930


Extrait du journal

'Le cbhgrfes 'socialiste’ s’était réuni pour ré- soudre " en toute‘'clarté "deux problèmes’.' "es sentiels, l’un de doctrine, l’autre de tactique. Il les noie tous deux dans l’équivoque. L’un, dans l’équivoque du fait : il l’ajourne. .C’est le problème de la défense nationale. L’autre dans l’équivoque des mots : il l’escamote. C’est le problème .de l’alliance électorale av.ee les radicaux socialistes. D’ailleurs les. deux équivoques se pénètrent et se commandent. Si.le congrès, socialiste s’était prononcé contre la défense nationale, c’était une cause supplémentaire de'rupture avec les radicaux socialistes: et M. Blum, démiurge du congrès, ne veut pas encore consommer la rupture éclatante et publique avec les radicaux socia listes. Il les ménage en les outrageant et les outrage en. les ménageant. Si le congrès . socialiste s’était prononcé pour la défense nationale, il se rapprochait des radicaux socialistes, mais il rompait avec, ses précédents, avec sa doctrine. Il mécon= tentait toute l’aile gauche de ses adhérents, les plus agissants parce que les plus extrê-, mes. Les radicaux ne valent pas ce sacrifice. Il en allait de même pour la tactique élec torale. Formuler un vote de blâme explicite sur l’élection de Bergerac, où le socialiste Simounet a refusé de se désister en faveur du radical socialiste Quënnesson, c’était pour le parti socialiste, s’enlever, dans des cas analo-, gües, des chances de succès auxquelles il ne veut pas renoncer. C’était aussi accepter l’al liance ouverte et conjuguée avec les radicaux socialistes. Sur ce point encore, comme sur celui de la défense nationale, c’était, pour le parti socialiste, abandonner sa doctrine et ses précédents. C’était indisposer les militants socialistes les plus agressifs. Mais approuver expressément le cas de Bergerac, c’était d’abord faire preuve d’un certain cynisme et l’hypocrisie socialiste ne renonce à elle-même que dans des circonstances inévitables. C’était aussi exaspérer les radicaux socialistes. D’ailleurs, sur ces deux problèmes, défense nationale et tactique électorale, le congrès eût donné le spectacle de ses discordes profondes. Mauvais exemple quand on aime, pour éblouir les masses, à proclamer une unité qui cache, à sa surface, les divisions de fond. Donc le congrès ajourne sa résolution sur la défense nationale et sa résolution sur la tac tique électorale. Alors pourquoi s’est-il réuni ? Il avait inscrit à son ordre du jour la première question. Les fédérations l’avaient examinée. Elles avaient, avec naïveté, envoyé à Bordeaux le texte de leurs motions. Le congrès met tous ces chiffons de papier dans ses archives. Il en renvoie l’examen à un conseil national, qui les renverra à un congrès non moins national de ce parti surtout international. Il s’agit, en ce moment, de ne pas effaroucher trop crûment les électeurs, de ne pas rompre les ponts avec les radicaux socialistes. M. Léon Blum a dit à ceux-ci ce qu’il fallait dire. Il en a dit assez pour les rendre modestes, fi ne leur en a pas dit assez pour les rendre enragés. Il .n’a voulu ni, par des, effusions compromettantes, les confondre avec son parti, ni, par des. rebuf fades définitives, les jeter « dans les bras de la réaction », pour employer-le vocabulaire, commode des cartellistes. , Tout l’effort des socialistes, menés de main de maître par M. Léon Blum, c’est, en ce moment;de jeter un voile pudique sur les articles du dogme éocialiste auxquels le parti socia liste ne renonce pas, mais qu’il ne veut pas étaler au grand jour pour ne pas effrayer les électeurs. La Révolution par la violence est im possible et, même possible, elle serait dange reuse. On ne peut jamais répondre des forces de défense de la société « capitaliste » mena cée dans son existence ni des forces d’anar chie des extrémistes du socialisme lâchés dans leurs fureurs. Il ne faut risquer ni de noyer la Révolution socialiste dans la défaite ni de la discréditer par ses propres fautes. Mais la Révolution, si elle ne peut se faire dans la violence brutale et primitive, peut s’in sinuer par la légalité usurpée et savante. Tout l’effort de M. Blum tend à ce résultat : grossir à ce point l’effectif des élus socialistes en 1933 au Patois-Bourbon, que. ces'élus soient maîtres...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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