Extrait du journal
„ 11 mai. Em Angleterre, l’interrègne ministériel ne dure pas des mois ni des semaines comme de ce côté-ci du détroit.A peine le cabinet whig a-t-il cru devoir donner sa démission, que le pouvoir de reconstituer une autre administration est transmis aux hommes que leur position dans le parlement semble appeler à le remplacer. Ces hommes, ce sont les chefs du parti tory : sir Robert Peel, dans les communes; lord Wellington, dans la pairie. On parle, comme devant les assister. de lord Aberdeen, de lord Stanley, de M. Goulbure, tous connus par levier opposition aux principes et aux conséquences de la réforme. Trouveront-ils dans les chambres la majorité, c'esl-ii-dire une majorité nécessaire pour les appuyer dans l’œuvre de réaction qu’on doit naturellement leur supposer l’intention d’entreprendre? Il est permis d’en douter. Les nuances diverses de l'opinion libérale trop longtemps et trop vivement divisées, lorsque l’initiative appartenait à leur cause, se réuniront sans doute contre l’ennemi commun, aujourd’hui qu’elles n’auront plus qu’à se défendre. Si, dans le doute à l’égard de la répartition des voix dans le parlement, le nouveau cabinet se décidait à prononcer une dissolution , sa situation deviendrait peut-être plus dillioile encore. On sait à quelle agitation l’Angleterre est aujourd’hui livrée. Celle fâcheuse disposition des esprits, aggravée encore par ce qui se passe, ne pourrait qu’exercer une influence marquée sur les élections. En supposant même que les tories eussent pour eux la majorité nominale, encore faudrait-il s’attendre à voir dans les communes l'élément démocratique et radical intervenir avec plus de vigueur et d’ensemble que précédemment. On peut en juger par le langage que tient O’Connell dans sa lettre à ses compatriotes d’Irlande. Le tribun, devenu si modéré, si pacifique, sous le règne des ministres whigs dont il était un des plus fermes soutiens, a retrouvé son ancienne âpreté révolutionnaire. C’est un adversaire dangereux que les tories rencontrent dès leur premier pas dans la carrière. Les charmilles, les radicaux, les réformistes à tous les degrés,'eur en susciteront nombre d’autres: l)e quelque manière aune que Peel et Wellington s’y prennent maintenant pour user de l’autorité qui va leur être dévolue , on ne saurait mettre en doute que l’Angleterre ne touche à une des crises les plus critiques, les plus décisives de son histoire....
À propos
Créé entre autres par Jacques Coste et Jean-Jacques Baudes, avec pour volonté d’instaurer un « journal des progrès politiques, scientifiques, littéraires et industriels », Le Temps est un quotidien français. D’inspiration libérale, sa rédaction s’opposera vivement au ministère Polignac, qu’il attaquera en publiant une pétition. Cette décision freinera d’ailleurs sa périodicité, une pression policière étant apposée aux imprimeurs avant que la Révolution de 1848 n’appuie l'agrandissement du lectorat libéral.
En savoir plus Données de classification - thiers
- calmon
- lanyer
- berger
- dumon
- persil
- dufaure
- muret
- guizot
- a. portalis
- paris
- angleterre
- france
- peel
- wellington
- irlande
- mexique
- bignon
- espagne
- vail
- union