Extrait du journal

LE PRINCE DE GALLES ET LE PAYS DE GALLES Après avoir fait le tour du monde, le prince de Galles n’a pas cru nécessaire de faire le tour de sa principauté. Il est allé droit au cœur du. vieux pays qui, depuis six cents ans, donne un titre au fils aîné des rois d'Angleterre. En se • faisant consacrer, hier, comme chancelier de l’Université galloise, il a, du même coup, pris possession de son héritage et conquis ses féaux. Le peuple gallois, fidèle à son origine, n’a rien, en effet, de plus précieux que sa langue, ses coutumes, son esprit.-Mais il sait qu’une nation ne vit pas seulement de son passé, qu’elle doit ouvrir ses fenêtres sur le monde, y laisser entrer, avec l’air libre et la lumière, tous les souffles propices à sa croissance. Le peuple gallois a donc une jeune université dont l’intel ligence n’est pas moins hospitalière à la science universelle que son cœur aux traditions natio nales. Attitude bien digne d’une petite nation dont les fêtes locales, au lieu de jeux barbares, sont des tournois de lettres et de poésie, des con cours de musique populaire, et qui, pour ou vrir ces pacifiques assises, délègue son plus ancien barde, le place sur un de ses dolmens antiques et lui fait prononcer cette très vieille et très noble formule : « Pour la vérité contre le monde! >» Le prince de Galles, qui vient précisément de visiter l’univers, a dû réfléchir qu’en l’accla mant comme leur prince les Gallois lui ren dent un hommage plus significatif encore et plus touchant peut être, que tous ceux qu’il a reçus jusqu’à maintenant. C’est la plus vieillerace de son pays, une des plus généreuses, une des plus artistiques, une des plus vivantes du monde, qui lui prêtait serment de fidélité. A J’ombre du vieux château de Camarvon, sur le rivage bruissant de légendes où la mer reprit Arthur, dix mille Gallois, aux accents du vieil hymne national : Telyn Cymric, viennent d’ac clamer le fils du roi d’Angleterre. La royauté anglaise a le droit d’être fière en voyant se perpétrer, à son égard personnel, la fidélité de tout un peuple. Il faut avoir vu les rivages gallois, constaté les trésors d’énergie et d’intelligence que recèle cette petite nation de 1,500,000 Celtes ; il faut avoir compris et senti dans quelle heureuse mesure et avec quel heu reux efTet se mêlent à l’esprit saxon la vivacité, la svelte robustesse, l’éloquence, la grâce, le sens artistique qui ne distinguent pas moins les Gallois que leurs frères de race en Ecosse et en Irlande ; il faut enfin réfléchir à l’inestimable avantage conféré par un tel dévouement pour estimer à son prix l’accueil que vient de faire le pays de Galles au prince de Galles. ' C’est plus qu’une acclamation. C’est une con sécration. Le prince qui, grâce à la sagesse de ses ancêtres, hérite, avec le titre, de ce loyalisme gallois s’en doit sentir non pas moins honoré que responsable. Le pays de Galles a bien des revendications à présenter. Quand viendra le jour du règlement des comptes, se souviendraf-on qu’il n'est pas moins vaillant que loyal et qu’il aime encore sa vieille devise : « Pour la vérité contre le monde »? r—— ———— • : DÉPÊCHES TÉLÉSRftPHlQüES ses correspondants particuliers du Temps Budapest, 11 mai, 8 h. 20. La commission dû budget de la Délégation autri’ chienne a voté hier, après un court débat, le budget delà marine et le budget des finances. Dans la dis cussion du budget de la marine, en contraste avec les critiques dont l’administration de laguerre avait fait l’objet la veille, tous les orateurs ont été una nimes à décerner des éloges à l’amiral Spaun et à la façon dont il a su maintenir les traditions de la marine austro-hongroise lors de l’expédition de Chine. ! La commission discutera cet après-midi le budget des provinces occupées, ia Bosnie et l’Herzégovine. On espère qu’elle terminera ses travaux le môme jour et que le Parlement autrichien pourra de nou veau se réunir lundi pour voter le budget d’ici à la ; fin du mois. Constantinople, vid Sofia, 11 mai, 9 h. 50. Les ambassades ont remis hier une note identique . demandant à ia Porte do rapporter les mesures in terdisant aux étrangers la pêche dans tout l’empire. : Les ambassades invoquent les traités et les capitu lations. Vienne, 11 mai, 8 h. 20. Une dépêche de Saint-Pétersbourg annonce que l’un des premiers actes de M. de Plehwe, le nouveau ministre dé l’intérieur,.aurait été le remplacement du prince Chakhovskoï à la direction de la presse, .qu’il exerçait dans un esprit d’indulgence. Lisbonne, il mai, 9 h. 20. La conversion de la dette extérieure a été votée à la Chambre des pairs par 49 voix contre 35. Les Cortès vont s’ajourner jusqu'au 2 j'anvier, la date (5xée par la Constitution pour leur nouvelle session....