Extrait du journal
Mais ces sentiments, nul ne les aurait devinés dans l’abjection de ce regard perdu, de cette bouche à demi ouverte. C’est que les treize cents francs de Clairville, quelques nuits avaient suffi pour les fondre et que le petit-fils des de Chézy depuis un mois mourait de faim. M. Siffre-Deïarche, mal à son aise, passa du locataire au mobilier. Le lit, une chaise de bois, blanc sur laquelle était posé un broc en zinc qui avait perdu son orillon, c’était tout. • Lorsque Luc vit que le beau-père avait ter miné son inspection, il lui dit poliment : — Si vous mettiez le broc par terre, vous pourriez vous asseoir. M. Siffre-Deïarche suivit le conseil, chercha dans sa tête le discours objurgatoire qu’il avait préparé, n’y trouva rien, car cette déshonnête maison et ce visage démoli avaient dérouté ses idées; il ne put que remarquer : — Comment, vous êtes encore au lit, à cette heure ! Luc acheva de bâiller pour répondre : — Vous ne savez pas combien c’est agréable, quand il fait froid. ’ — Mais quand travaillez-Vous? L’ancien prisonnier regarda son beau-père avec surprise. — Travailler? répéta-t-il simplement. Mais oui, oui, travailler! Tout le monde travaille. — Je ne travaille pas, moi, c’était convenu entre nous. — Plaît-il? fit brusquement M. Siffre-Delarche, qui se leva. . — Parlez plus bas, lui dit le vieux jeune homme, en se remettant avec indolence sur le dos. Il y a à côté, de nous une dame qui a passé la nuit dehors, avec ce froid, et qui a besoin de dormir. Je l’ai entendue rentrer ce matin, toute seule. M. Siffre-Deïarche sourcilla, car il jugeait ces paroles pour le moins étranges; mais il se ras sit, et d’une voix plu calme : — Qu’y a-t-il- de convenu entre nous? de manda-t-il. . Luc se mit à rire, d’un rire saccadé, lugubre, qui Je fit tousser. Il remonta le drap jusqu’au menton, commença : — Il n’y a à pas à dire, vous n’êtes pas gentil, yous me laissez sans argent et ie n’ai pas pu me ,...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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