Extrait du journal

Barcelone, 8 octobre. Toutes les juntes sont bien près de dispa raître en leur qualité d’autorités; elles ne resteront pour sûr que comme corps pure ment consultatifs, jusqu’à la fin de l’interrè gne. Aussi s’efforcent-elles de laisser partout une trace de leur passage, par l’adoption de plusieurs mesures radicales et populaires que la Révolution seule peut entreprendre. Parmi les plus importantes, il faut compter la dé molition des forteresses qui ne sont pas in dispensables pour la défense du territoire. Celle de Barcelone fut bâtie par Philippe V, premier des Bourbons, pour tenir en respect les Catalans qui avaient tant lutté contre lui. On a proclamé le contrôle des actes de l’administration. Désormais Jes séances des municipalités et des conseils généraux seront publiques; et il y aura des places réservées pour la presse. Celle-ci jouit d’une liberté complète, et il faut dire à son honneur qu’elle n’en abuse pas. Elle ne cesse de prê cher la tolérance sur tous les tons. Quant à la propagande libérale, il n’est pas besoin d’en faire, le peuple espagnol étant le plus libéral de la terre. On a pris bien souvent les tendances du gouvernement pour celles de la nation, et on a eu tort. L’avenir le prouvera. 11 est à remarquer que l’épiscopat espa gnol ne se montre pas pour le moment trop hostile à la Révolution. L’archevêque de Va lence, les évêques de Barcelone, fluesca, la Havane et le patriarche des Indes ont signifié leur adhésion au nouvel ordre de choses. Le Comité français pour P émancipation des noirs vient d’envoyer au gouverne ment provisoire de Madrid une adresse sollicitant l’affranchissement des esclaves dans les colonies espagnoles. CH. DU BOUZET....