Extrait du journal
mon père. Il s’arrêta, porta son cigare à ses lèvres. A la lueur rouge, je vis pendant un mo ment son nez droit, et je l’entendis qui se mur murait quelque chose à lui-même. Ceci m’im pressionna péniblement. Cet homme tout seul qui racontait ses secrets à la nuit me fit l’effet d’un spectre. Ce serait une chose épouvantable d’être en ce moment abordé par lui. J’eus envie de revenir sur mes pas. Mais à la maison, dans ma chambre, j’étais seul, agité et malheureux. Là-bas; au bord de l’étang, tout près de cette bonne fille, je me sentais mieux, plus en sûreté. Je‘ la trouvai accroupie à sa place habituelle. Lorsque je m’assis près d’elle, elle dit ; — Oh! voilà encore le,jeune maître! — Oui, Margusch, tu chantes encore? Elle soupira. — Il faut bien, dit-elle. — Est-ce que ton ami est encore parti? de mandai-je. — Tous sont partis, répondit-elle avec sa voix basse et plaintive. — Vois-tu, Margusch, c’est pour cela que je viens près de toi. C’est triste d’être seul!... — Très triste, jeune maître. Une lune tardive monta au-dessus des arbres du parc. Avec elle un v.ent s’éleva qui déchira les nuagps et, les poussa par Je ciel et sur la lune comme -des mottes sombres et'rondes: La lumière et l’ombre alternaient sur la campa gne. Les roseaux et les branches d’arbres bruissaient passionnément. Un canard s’éveilla dans la roseraie et poussa des cris de colère dans la nuit. — Il faut retourner à la maison, décida Margusch, clignant des yeux en face de la lune. — Déjà? — Oui, il y en a d’autres que nous qui errent par ici. — Ah! tu l’as vu toi aussi? chuchotai-je. Margusch fit un signe de tête. — Oui, oui, il est toujours ici la nuit. Passez par le gros tilleul. Il ne va pas de.ee côté-là. Il ne lui plairait pas de nous voir ensemble. Je suivis l’étang. Le vent qui m'enveloppait, la lumière mobile me firent du bien. J’étais comme si mon sang avait pris un peu du rythme placide et ferme de celui de.Margusch. Comme je tournais très court au coin de l’allée, je.m’arrêtai net, car je me trouvais tout contre quelqu’un d’assis sur les racines du grand tilleul. Il faisait si sombre en cet endroit...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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