Extrait du journal

VII Il devait s’écouler des mois avant que le pro grès réalisé, pour ainsi dire, moralement, dans l’esprit de Pierre, se manifestât d’une façon pratique et attirât l'attention sur lui. Mais dé sormais peu lui importait : il se sentait sûr de l’avenir. Savoir d'où l’on part et où l’on veut arriver, c’est une si grande chose dans la vie ! Un principe, c’est ce qui fait un homme. Rendu à la confiance en lui-même, léger comme s’il lui avait poussé des ailes, Pierre se remit donc à la tâche avec ardeur, savourant pleinement cette jouissance de travailler en connaissant le but. U étaitcomplètement heureux.Une secousse cruelle, une grande douleur vinrent s’abattre sur cette joie récente et le rejeter dans un ma rasme auquel il faillit, cette fois, s'abandon ner. A Toulouse, il avait aimé une enfant de quinze ans, la fille d’Achille Bernier. Il s’en croyait aimé. Le père, rêvant un gendre artiste et honnête homme, souriait à ces jeunes amours. Partout l’on considérait Pierre Foulcaud comme le fiancé de la fille de son maître, et Pierre, d’une grande sensibilité sous une écorce rude, se laissait bercer par cette idylle, formait des projets très doux. Elles sont si candides, si fraîches, nos passions de premiere jeunesse ! Rarement elles pénètrent bien « ■■ Recroduction et traduction interdites....